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Un enfant gazaoui au milieu de déchets et eaux stagnantes dans un camp de déplacés à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 23 février 2025 ( AFP / Eyad BABA )
Israël s'est dit prêt dimanche à reprendre les combats "à tout moment" dans la bande de Gaza où le Hamas l'accuse de mettre en péril la trêve en bloquant la libération convenue de prisonniers palestiniens.
La première phase du fragile cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier à Gaza, après 15 mois de guerre, est censée prendre fin le 1er mars, alors que les négociations prévues sur la suite du processus n'ont toujours pas démarré.
La décision annoncée samedi par Israël de ne pas libérer comme prévu plus de 600 détenus palestiniens, après la remise de six otages israéliens, tant que se poursuivront les "cérémonies humiliantes" autour des libérations de captifs à Gaza rend la suite plus incertaine.
"Il faut obtenir une prolongation de la première phase (du cessez-le-feu), donc je vais me rendre dans la région cette semaine, probablement mercredi, pour négocier cela", a annoncé dans un entretien à CNN Steve Witkoff, l'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient.
"Nous sommes prêts à reprendre des combats intenses à tout moment, nos plans opérationnels sont prêts", a pour sa part menacé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans un discours à une promotion d'officiers, à Holon (centre), retransmise en direct.
"Nous atteindrons entièrement les objectifs de la guerre, que ce soit par la négociation ou par d'autres moyens", a-t-il ajouté.
Israël a parallèlement annoncé dimanche étendre ses opérations militaires en Cisjordanie occupée.
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L'otage israélien Eliya Cohen (G) et Omer Shem Tov exhibés sur un podium lors de leur libération par le Hamas à Nousseirat, le 22 février 2025 ( AFP / Eyad BABA )
Trois camps de réfugiés dans le nord de ce territoire palestinien, où l'armée israélienne mène une vaste opération depuis un mois, ont été vidés de leurs 40.000 habitants, avec ordre de ne pas permettre leur retour.
L'armée israélienne a aussi annoncé le déploiement d'une unité de chars à Jénine, le premier depuis 20 ans dans cette ville de Cisjordanie.
Dans la bande de Gaza, depuis le début de la trêve, 29 otages israéliens, dont quatre décédés, ont été remis à Israël, en échange de plus de 1.100 détenus palestiniens.
- "Cérémonies humiliantes" -
Samedi, le Hamas a bien libéré six Israéliens à l'occasion de ce qui devait être le septième échange d'otages contre des prisonniers palestiniens.
Mais cette remise a, comme les précédentes, été mise en scène par le Hamas qui a exhibé cinq otages sur des podiums devant la foule, avant de les remettre à la Croix-Rouge.
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Une Palestinienne parmi des combattants du Hamas, avant la libération d'otages israéliens, à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 février 2025 ( AFP / Bashar TALEB )
Ces mises en scène ont été dénoncées à plusieurs reprises par Israël, l'ONU et la Croix-Rouge.
Israël a ensuite stoppé la libération prévue de 620 Palestiniens, M. Netanyahu exigeant que "la libération des prochains otages soit assurée sans cérémonies humiliantes".
Le Hamas a accusé Israël dimanche de "mettre en grave danger tout l'accord de trêve" et appelé les pays médiateurs, "en particulier les Etats-Unis", à "faire pression sur l'ennemi" pour qu'il "relâche immédiatement ce groupe de prisonniers".
"On est à un moment très délicat pour le cessez-le-feu", estime Michaël Horowitz, expert pour le cabinet de conseil en gestion du risque Le Beck International.
"Le gouvernement israélien pourrait tomber si l'on entre dans la deuxième phase, car elle inclut la fin officielle de la guerre, et l'allié d'extrême droite de M. Netanyahu (le ministre des Finances Bezalel) Smotrich a dit qu'il quitterait le gouvernement si la guerre cessait".
Selon lui, "il existe une petite chance de sauver l'accord" ou "au moins de s'assurer qu'il ne capote pas immédiatement" en prolongeant la première phase.
- "Démonstration de cruauté" -
Dans la bande de Gaza comme en Cisjordanie, des familles ont attendu en vain la libération de leurs proches.
"Notre Seigneur nous donnera la patience (...) jusqu'à la libération de nos fils", a affirmé Oumm Alaa, venue attendre la sortie de prison de son fils à Ramallah.
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L'otage israélien Eliya Cohen (G) et Omer Shem Tov exhibés sur un podium lors de leur libération par le Hamas à Nousseirat, le 22 février 2025 ( AFP / Eyad BABA )
Deux premiers otages, encadrés par des combattants armés, avaient été libérés samedi par le Hamas à Rafah (sud): Tal Shoham, 40 ans, enlevé le 7 octobre 2023 lors de l'attaque du Hamas en Israël qui a déclenché la guerre à Gaza, et Avera Mengistu, Juif éthiopien 38 ans, otage depuis plus de dix ans.
La même scène s'est répétée à Nousseirat, dans le centre de Gaza, pour la libération de Eliya Cohen, Omer Shem Tov et Omer Wenkert, âgés de 22 à 27 ans, enlevés au festival de musique Nova le 7-Octobre.
Samedi soir, la branche armée du mouvement islamiste a publié une vidéo apparemment tournée dans la journée à Nousseirat, montrant deux otages regardant ces libérations et suppliant M. Netanyahu d'agir pour qu'ils rentrent en Israël.
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Des amis et la famille de l'otage israélien Omer Shem Tov crient et pleurent de joie en voyant en direct à la télévison dans la maison familiale à Tel-Aviv, sa libération par le Hamas dans la bande de Gaza, le 22 février 2025 ( AFP / John WESSELS )
Le Forum des familles d'otages a dénoncé une "démonstration de cruauté particulièrement écoeurante".
Sur les 251 otages enlevés le 7-Octobre, 62 restent retenus à Gaza dont 35 sont morts, selon l'armée israélienne.
Selon le Hamas, seuls quatre otages morts doivent encore être rendus à Israël durant la première phase de l'accord.
Le mouvement s'est dit prêt à libérer "en une seule fois" tous les otages restants durant la deuxième phase, censée mettre fin définitivement à la guerre.
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La mère du détenu palestinien Khaled Khdeish, qui doit être libéré par Israël, regarde les informations dans le camp de Balata, près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 22 février 2025 ( AFP / Jaafar ASHTIYEH )
L'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.215 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts ou tués en captivité.
L'offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 48.319 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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