
Cette photo fournie par le bureau de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) montre le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi (G) avec le chef de l’OIEA, Mohammad Eslami au siège de l’organisation à Téhéran, le 17 avril 2025 ( Atomic Energy Organization of Iran / - )
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a estimé jeudi que le temps était compté pour trouver un accord sur le nucléaire iranien, avant des pourparlers cruciaux samedi entre Téhéran et Washington.
L'AIEA, le gendarme onusien du nucléaire basé à Vienne, est chargé de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire de l'Iran.
Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.
Iran et Etats-Unis doivent se retrouver samedi à Rome pour de nouveaux pourparlers. Oman continuera à servir de "médiateur" dans le cadre de cet échange, a confirmé le ministère des Affaires étrangères omanais sur X, précisant que Rome avait été choisie "pour des raisons logistiques".
"Nous sommes à un stade crucial de ces importantes négociations", a déclaré Rafael Grossi jeudi, lors d'une visite à Téhéran.
"Nous savons que nous disposons de peu de temps, c'est pourquoi je suis ici (...) pour faciliter ce processus", a-t-il déclaré à plusieurs médias d'Etat iraniens, des propos confirmés à l'AFP par le siège de l'AIEA.
Rafael Grossi s'est entretenu dans la matinée avec son homologue iranien, Mohammad Eslami, de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA). Aucun détail n'a filtré sur leur rencontre.

Carte de l'Iran montrant les sites nucléaires, réacteurs et mines d'uranium ( AFP / Sylvie HUSSON )
Dans un entretien au journal Le Monde publié mercredi, M. Grossi a affirmé que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique.
"Il reste du chemin à parcourir avant d'y parvenir. Mais ils n'en sont pas loin, il faut le reconnaître", a-t-il ajouté.
- "Ligne rouge" -
A son arrivée mercredi à Téhéran, Rafael Grossi a rencontré le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, qui mène côté iranien les négociations sur le nucléaire.

L'envoyée américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff, le 6 mars 2025 à la Maison Blanche (gauche) et le ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi, le 7 mars 2025 à Jeddah ( AFP / Mandel NGAN )
M. Araghchi a salué jeudi sur X une "discussion utile". "Dans les prochains mois, l'Agence peut jouer un rôle crucial dans le règlement pacifique du dossier nucléaire iranien", a-t-il souligné.
Iran et Etats-Unis, ennemis depuis la Révolution islamique de 1979, ont entamé des pourparlers samedi dernier sous la médiation d'Oman.
Le négociateur américain Steve Witkoff, qui s'était jusque-là abstenu de réclamer un démantèlement total du programme nucléaire iranien, a affirmé mardi que Téhéran devait "stopper son programme d'enrichissement et de militarisation nucléaires, et l'éliminer".
Téhéran considère comme une "ligne rouge" l'arrêt de toutes ses activités nucléaires, y compris civiles.
Avant les pourparlers de samedi, le chef de la diplomatie iranienne a rencontré jeudi à Moscou le président Vladimir Poutine.
- Menace militaire -
La Russie est l'un des pays signataires de l'accord international sur le nucléaire conclu avec l'Iran en 2015, mais devenu caduc à la suite de la décision des Etats-Unis de s'en retirer en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.
Trois autres membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU - France, Royaume-Uni et Chine - plus l'Allemagne et l'Union européenne sont également parties de l'accord.
Le texte prévoit la levée de sanctions internationales visant l'Iran en échange d'un encadrement de son programme nucléaire par l'AIEA.
Selon cette instance, l'Iran respectait ses engagements jusqu'au retrait américain, assorti du rétablissement des sanctions américaines.

Le président américain Donald Trump embarque à bord de son avion Air Force One à la base aérienne d'Andrews, dans le Maryland, le 11 avril 2025 ( AFP / Brendan SMIALOWSKI )
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, M. Trump appelle l'Iran à négocier un nouveau texte mais menace Téhéran d'un recours militaire en cas d'échec de la diplomatie.
Il a cependant affirmé jeudi qu'il n'était "pas pressé" d'opter pour une action militaire. Il n'a pas par ailleurs confirmé une information du New York Times affirmant qu'il était intervenu pour dissuader Israël de frapper des sites nucléaires en Iran, afin de privilégier la diplomatie.
Israël n'a pas commenté directement cet article, mais le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a affirmé que Israël n'autoriserait pas l'Iran à se doter de l'arme nucléaire, précisant que M. Netanyahu avait conduit "d'innombrables" actions "publiques et secrètes" qui ont retardé le programme nucléaire iranien de "près d'une décennie".
Téhéran n'a pas réagi dans l'immédiat à ces propos, les premiers émanant de M. Netanyahu depuis le début des pourparlers américano-iraniens.
L'Iran est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), proche des 90% nécessaires à la fabrication de l'arme atomique, tout en continuant à accumuler d'importants stocks de matière fissile, selon l'AIEA.

Cette photo fournie par le bureau de l' Ayatollah Ali Khamenei le montre (D) recevant le ministre saoudien de la Défense, Khalid bin Salman (C) à Téhéran, le 17 avril 2025 ( KHAMENEI.IR / - )
L'accord sur le nucléaire de 2015 plafonnait ce taux à 3,67%.
Toujours sur le front diplomatique, le ministre saoudien de la Défense a été reçu jeudi à Téhéran par le président iranien, Massoud Pezeshkian et le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, selon les bureaux de ces derniers.
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