Que nous dit l'analyse graphique de la récente chute des marchés ? Les réponses de Thomas Bavoil, analyste technique chez Aurel BGC.
Le CAC40 est passé sous les 4.000 points mardi sans que ce « seuil psychologique » n'offre de forte résistance. Alors que l'analyse fondamentale peine à expliquer les actuels mouvements de marché, Thomas Bavoil (Aurel BGC) explique son point de vue sous l'angle de l'analyse technique.
Sur les marchés boursiers, l'analyse technique et l'analyse fondamentale s'opposent par de nombreux points. Les adeptes de l'une sont généralement sceptiques vis-à-vis de l'autre.
Au mois de janvier, la chute des marchés s'expliquait au jour le jour par des éléments fondamentaux. Les mauvais indicateurs relatifs à la conjoncture chinoise, la chute du pétrole et des indicateurs toujours mitigés sur l'industrie américaine ont successivement mis le feu aux poudres lors de certaines séances, le rebond de la fin du mois ayant été initié par une déclaration de Mario Draghi.
Depuis début février, les raisons fondamentales des mouvements de marchés sont plus floues à chaque séance. Les prix du baril fluctuent dans la zone des 30-35 dollars/baril sans accentuer leur baisse de janvier, aucun indicateur chinois n'a été publié et les marchés s'agitent parfois sans qu'aucune publication majeure ne puisse vraiment expliquer ce mouvement.
D'où l'intérêt de porter un regard sur la situation sous l'angle de l'analyse technique, qui essaie de comprendre les fluctuations des marchés en analysant les graphiques boursiers, pouvant mettre en exergue des tendances et des zones de « supports »ou de « résistances » qui influent sur l'évolution des cours de bourse.
CAC40 : tout se jouerait autour de 3.950 points
Alors que tous les indices boursiers ont beaucoup baissé dernièrement, Thomas Bavoil commente : « la question que tout le monde se pose en ce moment est de savoir si le mouvement baissier qui s'observe depuis le début de l'année est en train de remettre en cause la tendance haussière qui s'observe depuis plusieurs années sur les marchés, ou s'il ne s'agit que d'une simple correction intermédiaire au sein de cette tendance haussière. Beaucoup estiment qu'avec déjà -20% depuis le pic de mai dernier, on est entré dans un marché baissier. En réalité ce n'est pas certain ».
De nombreux indices boursiers « arrivent à des niveaux au-delà desquels une poursuite de la baisse validerait l'entrée des marchés dans une tendance baissière comme celle vue en 2007-2008 », explique l'analyste. Mais pour l'instant, « il ne faut pas crier au loup » alors que ces mêmes indices se trouvent très proches de zones de support sur lesquelles les marchés ont des chances de rebondir.
Sur le CAC40 , « on a un support majeur à 3.950 points » explique Thomas Bavoil, correspondant selon lui à la borne basse du canal descendant depuis l'été dernier, ainsi qu'à une borne basse sur le canal haussier de long terme mis en place depuis 2011. « C'est donc une zone très importante, sur laquelle on est allé rebondir mardi en milieu de séance. Si l'on reste au-dessus de ce seuil en clôture hebdomadaire, on peut dire que la tendance haussière à l'œuvre depuis 2011 reste toujours préservée. En revanche, si on réalise une clôture hebdomadaire sous ce seuil, ce serait assez dangereux ».
Graphique du CAC40, avec le tracement d'un canal baissier encadrant la tendance à l'oeuvre depuis l'été 2015. Analyse : Aurel BGC.
Indices américains : attention au risque d'un « double-top »
Les indices boursiers américains ont connu une évolution assez différente de celle des indices européens au cours des dernières années, au point que leur configuration technique présente des divergences intéressantes vis-à-vis des indices européens.
Pour Thomas Bavoil, « l'indice le plus important à regarder aux Etats-Unis est le S&P 500 , où l'on a un support important sur la zone des 1.815 points, correspondant au plus bas du mois d'octobre 2014 ». L'indice avait également rebondi sur ce seuil le 20 janvier dernier et se situe actuellement à 1.852 points.
Alors que les indices américains se rapprochent de ces seuils importants, la crainte principale est celle d'une configuration chartiste en « double-top » (double sommet) qui serait validée par un passage des indices boursiers sous ces zones de supports majeures, explique Thomas Bavoil.
Le S&P 500, ainsi que le Dow Jones, ont en effet buté par deux fois, en 2015, sur des niveaux qu'ils n'ont pas su dépasser. Un premier sommet a été atteint vers le mois de mai 2015, suite à quoi la « crise chinoise » avait fait baisser les indices au cours de l'été, puis un second sommet avait été atteint aux mêmes niveaux en novembre 2015. Depuis, les indices ont rechuté à leurs plus bas de l'été dernier. Sous ce niveau, les indices « casseraient un support majeur », validant l'entrée dans une phase baissière de plus long terme selon les règles de l'analyse graphique.
« Le danger d'un éventuel double top sur les indices américains, c'est qu'il n'y aurait ensuite pas de support majeur qui puisse permettre de provoquer des rebonds durables » explique Thomas Bavoil. Mais ce dernier insiste sur le fait que nous n'en sommes pas encore là. À court terme, les niveaux de l'été dernier restent des zones de support majeures et les indices américains pourraient arrêter leur chute actuelle sur ces niveaux.
Le Nasdaq Composite s'approche pour sa part d'un « support à 4.200 points, correspondant également au point bas d'octobre dernier », relève l'analyste, ce qui rend ce niveau important sur cet indice qui souffre beaucoup depuis quelques séances et a clôturé mardi à 4.268 points.
Le parcours de l'indice italien « pourrait être à l'image de ce qui nous attend »
L'analyste note enfin que l'indice FTSE MIB italien est quant à lui nettement sorti de la tendance haussière qu'il poursuivait depuis 2011. La chute de l'indice italien enregistré en début d'année « pourrait être à l'image de ce qui nous attend sur les autres indices si les zones de supports actuels sont dépassées à la baisse en clôture hebdomadaire », envisage-t-il.
Thomas Bavoil insiste sur l'importance des clôtures hebdomadaires alors qu'à court terme, il serait « acceptable que les supports soient dépassés à la baisse en cours de séance » lors d'une éventuelle séance de baisse en cours de semaine.
X. Bargue (redaction@boursorama.fr)
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