Le fameux ''alignement des planètes'' est de retour sur les marchés financiers, affirme Hubert Tassin (Cercle des analystes indépendants).
Plusieurs facteurs jouent dans le sens d'une hausse des marchés, explique Hubert Tassin du Cercle des analystes indépendants. L'analyste adopte un point de vue optimiste à l'opposé de celui d'Eric Galiègue la semaine dernière et de Véronique Riches-Flores précédemment.
Les marchés financiers n'ont pas connu l'année assez sereine qu'on pouvait attendre il y a un an. Ce qu'on avait baptisé « l'alignement des planètes » (taux d'intérêts bas, pétrole bon marché, dollar fort et cycle américain qui se confirme et se transmet à l'Europe) a permis une très forte hausse de décembre à avril qui a tourné court depuis et a été mis à l'épreuve de crises successives. Avec le retour du DAX à 10% de son niveau record malgré l'affaire Volkswagen, avec un CAC40 dans les 5.000 points, on a aujourd'hui des indices d'une nouvelle conjonction de facteurs favorables.
Planète pétrole : le contre-choc confirmé
En baisse de 43% en un an, le baril de brent s'est installé au-dessous de 50 dollars. Les économies consommatrices bénéficient d'un véritable contre-choc pétrolier, provoqué à la fois par une réduction de la demande et une augmentation de l'offre.
On estime entre 2 et 3% l'apport de croissance pour les importateurs au détriment des pays « de la rente ». Evidement, l'économie américaine qui tire le cycle est à la fois défavorisée (pour ses producteurs, y compris de pétrole « non conventionnels »), et favorisé pour la consommation et l'investissement hors du secteur des hydrocarbures. Mais, aujourd'hui, les effets négatifs sont pris en compte pour la plus grande part alors que les effets positifs jouent avec décalage. Le meilleur est à venir.
Planète taux : des Quantitative Easing généralisés et la Fed qui n'inquiète plus
L'année 2015 a confirmé la politique générale des banques centrales : le Japon a accéléré encore ses injections monétaires, la BCE est entrée très durablement dans une phase active, la Banque Populaire de Chine s'est invitée dans le jeu avec des moyens proportionnels à la taille de son économie.
Reste la question américaine. Le déroulé pour un retour à une politique monétaire orthodoxe a été donné il y longtemps par Ben Bernanke, le prédécesseur de Janet Yellen. La première étape était la fin des achats nets d'actifs par la Fed (stabilisation de son bilan). C'est fait depuis un an. La deuxième est le relèvement de taux directeurs, pratiquement nuls depuis plus de 7 ans. Les atermoiements de la Fed (et même sa communication désastreuse en septembre) ont pris les marchés financiers un moment à contrepied mais, aujourd'hui, on attend sereinement pour décembre ou janvier un relèvement de 0,25%, qui n'inquiète pas : les taux obligataires vont rester très bas dans les pays développés. Singulièrement dans la zone euro.
Planète des changes : le dollar reprend le chemin de la hausse
Les parités de change des grandes monnaies suivent les politiques monétaires. Les dévaluations compétitives du Japon et de la zone euro face au dollar ont connu une consolidation d'avril à novembre. Mais la tendance se retrouve avec la perspective d'actions de la Réserve Fédérale dans les deux ou trois mois. Le facteur favorable d'un dollar fort pour l'Europe ou le Japon se confirme après 14% de baisse en un an de la monnaie unique contre le billet vert.
Une alerte avait été donnée en août avec l'ajustement du yuan : on voit maintenant qu'il n'annonçait pas de dévaluation agressive. Reste la question des devises émergentes : on n'a sans doute pas tout vu des effets de la politique monétaire américaine. On a cependant le recul pour juger de l'effet finalement limité de cette redistribution des cartes sur les grandes Bourses
Planète croissance : l'Amérique poursuit malgré le dollar, l'Europe peut amplifier
L'alignement des planètes sur le pétrole, les taux d'intérêt et les devises pourrait être effacé par un tournant du cycle économique mondial. La crise de croissance chinoise est très loin d'être résolue, celles des pays émergents au modèle « rente » (type Russie) comme au modèle industriel vont sans doute encore se développer. Pour autant, la réduction des estimations de croissance mondiale n'anticipe pas un cycle cassé aux Etats-Unis et en Europe.
En Europe, les effets de l'alignement des planètes se manifestent avec une tendance positive (et modérée) pour la consommation comme pour l'investissement. S'est ajoutée sur l'ensemble de la zone euro une modération fiscale qui a donné un bol d'air aux économies, y compris en France, le champion de la dépense publique.
Les changes et les taux portent les Bourses autant sinon plus que l'économie, alors qu'on commence seulement à percevoir les effets d'entraînement sur l'activité du transfert du choc pétrolier vers les pays consommateurs On a ainsi l'impression que l'année 2015 finit pour les investisseurs un peu comme 2014 l'avait fait : sous l'influence de cet alignement des planètes qui porte les gagnants de la donne économique qui a rapatrié la croissance vers les pays développés. Les réactions assez tranchées aux publications trimestrielles montrent dans le même temps l'entrée des Bourses dans un environnement de choix valeur par valeur ("stock picking").
Hubert Tassin
A lire également sur le même sujet : « L'alignement des planètes » est-il une illusion en Europe ? (Myria AM)
Le Cercle des analystes indépendants est une association constituée entre une douzaine de bureaux indépendants à l'initiative de Valquant, la société d'analyse financière présidée par Eric Galiègue, pour promouvoir l'analyse indépendante.
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