( AFP / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN )
Un milliard d'euros de dividendes d'un côté, 2.400 emplois menacés de l'autre: la galaxie Mulliez, qui détient Auchan, distributeur en difficulté, et des enseignes en forme, comme Decathlon ou Leroy Merlin, est sous le feu des critiques de syndicats, qui se mobilisent cette semaine.
La CGT Services appelle à une manifestation mercredi matin devant le magasin Auchan de Fontenay-sous-bois, en banlieue parisienne.
"Comment peut-on cautionner que Decathlon, enseigne du groupe, puisse verser une somme pharaonique de dividendes et qu'Auchan, enseigne du même groupe puisse massacrer la vie de milliers de personnes en supprimant 2400 emplois?", demande-t-elle dans un communiqué mardi.
L'empire Mulliez n'est pas un groupe à proprement parler, plutôt une galaxie d'entreprises toutes contrôlées par les membres de l'association familiale Mulliez (AFM), parmi lesquelles Leroy Merlin, Kiabi, Flunch, Boulanger ou encore Norauto.
- Appel à la grève chez Decathlon -
La CGT voit néanmoins dans cette situation "une illustration parfaite" d'un "système scandaleux" faisant que "grâce aux dispositifs légaux offerts par les gouvernements passés et actuels, agrémentés d'aides publiques généreuses", un "même groupe" peut "rétribuer grassement des actionnaires et en même temps sacrifier les emplois".
Vendredi, plusieurs syndicats ont révélé que Decathlon allait verser un milliard d'euros de dividendes au titre de 2024 à la famille Mulliez.
"Notre solide base financière nous permet de remonter une partie de nos réserves vers tous nos actionnaires tout en continuant à investir dans des initiatives stratégiques de croissance au bénéfice de nos collaborateurs, de nos clients et de nos partenaires", a répondu la direction à l'AFP vendredi soir.
Mais la CFDT Decathlon, "sous le choc", a estimé que ces sommes sont "hors-sol" au vu de résultats non atteints. Elle "appelle les 20.000 salariés de l'enseigne à se mobiliser et à faire grève" dans les magasins samedi.
"Toutes les enseignes du groupe Mulliez sont très en colère, c'est honteux", a tempêté auprès de l'AFP le délégué central CFDT chez Auchan France, René Carette.
Pour la famille Mulliez, adepte de la discrétion, l'annonce tombe assez mal, quelques semaines après l'annonce du vaste plan social prévu chez Auchan. Un total de 2.389 emplois y sont menacés alors que le distributeur alimentaire enchaîne les exercices difficiles.
Selon une source proche de la direction, les négociations sociales sur le plan ont débuté, avec "un calendrier rythmé de manière précise jusque fin février". Des points d'étape sont attendus avant un CSE "conclusif" le 26 février. A cette date s'ouvrira le plan de départs volontaires, qui courra jusque juin, toujours selon cette source.
- Utilisation d'argent public -
La fédération des services CFDT avait demandé que des propositions de reclassements soient faites au sein d'autres sociétés de la galaxie Mulliez.
Une source proche d'Auchan répond que l'enseigne fera "le maximum pour faciliter la relation entre ses collaborateurs et les entreprises de l'AFM", "en fonction des zones géographiques, des qualifications et des compétences recherchées".
"On a plus l'impression qu'ils ont envie de donner de l'argent pour que les gens partent, plutôt que de chercher des reclassements en interne", commente de son côté René Carette, de la CFDT.
Les syndicats s'interrogent en outre sur le bien fondé de certaines aides publiques à destination des entreprises, la CFDT appelant à la création d'une commission d'enquête "afin de pouvoir réellement comprendre à quoi l'argent public a été utilisé" par les différentes enseignes de l'AFM.
Le Premier ministre lui-même, Michel Barnier, avait dit vouloir "savoir" ce qu'Auchan et un autre groupe prévoyant des suppressions d'emplois, Michelin, "ont fait de l'argent public qu'on leur a donné". Un sujet "encore en cours d'instruction", disait le cabinet du ministre de l'Economie Antoine Armand mi-novembre.
Sur le sujet, Auchan avait alors assuré que la réduction de charges annuelle au titre du CICE, de 83 millions d'euros entre 2013 et 2018, a été "intégralement utilisée pour les objectifs ciblés par ce dispositif", ajoutant avoir également "payé 258 millions d'impôts et de taxes (hors taxes collectées: TVA, taxes sur les alcools, TICPE) et 607 millions d'euros de charges sociales pour la part patronale".
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