
Le logo de Prada à l'extérieur d'une boutique à Milan
Le groupe de luxe Prada a annoncé jeudi la signature d'un accord auprès de Capri Holdings pour la reprise de Prada, une opération qui va rapprocher deux des plus grands noms de la mode italienne dans un contexte difficile pour l'industrie.
La transaction a été établie sur la base d'une valeur d'entreprise de 1,375 milliard de dollars (1,24 milliard d'euros), dette comprise.
Ce rapprochement, qui survient quelques semaines après l'annonce du départ de Donatella Versace de la direction artistique du groupe éponyme, constitue l'une des tentatives les plus ambitieuses pour créer un conglomérat du luxe en Italie.
Si le pays représente de 50% à 55% de la production mondiale de biens de luxe, selon les estimations du cabinet Bain, il manque d'un groupe d'envergure comparable aux géants français du secteur tels que LVMH et Kering qui détiennent tous deux plusieurs grandes marques italiennes comme Fendi et Gucci.
Prada, basé à Milan mais coté à la Bourse de Hong-Kong, est contrôlé par la styliste Miuccia Prada et son mari Patrizio Bertelli. S'il est le premier groupe de luxe italien en termes de chiffre d'affaires, sa capitalisation boursière de 14 milliards d'euros le place loin derrière LVMH (260 milliards d'euros).
De fait, le chiffre d'affaires combiné des cinq plus grands groupes de luxe italiens cotés en Bourse - Prada, Moncler, Ermenegildo Zegna, Brunello Cucinelli et Ferragamo - est encore bien inférieur aux quelque 17 milliards d'euros de Kering, même après une forte baisse des ventes du groupe français l'an dernier.
"L'ambition de Prada de devenir un conglomérat de luxe italien de premier plan constitue une avancée significative sur un marché dominé par les groupes français. C'est exactement ce que de nombreux Italiens espéraient", a déclaré Achim Berg, conseiller dans le secteur de la mode et du luxe.
"NOUVELLE ÈRE"
Prada et Versace ont tous deux leurs origines à Milan et y ont toujours leur siège, à seulement quatre kilomètres l'un de l'autre.
Donatella Versace, dont la famille a vendu l'entreprise il y a sept ans, a salué ce nouveau partenariat.
"Gianni [son frère, fondateur de la marque et décédé en 1997, NDLR] et moi avons toujours eu une grande admiration pour Miuccia, Patrizio et leur famille", a-t-elle déclaré.
"Je suis honorée que la marque soit confiée à une entreprise familiale italienne de confiance et je suis prête à soutenir cette nouvelle ère pour la marque de toutes les manières possibles", a-t-elle ajouté.
"Notre objectif est de perpétuer l'héritage de Versace en célébrant et en réinterprétant son esthétique audacieuse et intemporelle", a déclaré pour sa part le président de Padra, Patrizio Bertelli.
La valorisation retenue pour Versace est bien inférieure à celle de près de 2,15 milliards de dollars, dette incluse, retenue lors du rachat du groupe italien par Capri en 2018.
Depuis plusieurs trimestre, Versace est déficitaire dans un contexte de ralentissement de l'industrie du luxe qui n'épargne que peu d'acteurs.
Avec le rachat de Versace, connu pour ses imprimés baroques, Prada, dont le style est beaucoup plus minimaliste, espère attirer une nouvelle clientèle.
"Versace a un potentiel énorme. Le chemin sera long et nécessitera rigueur et patience", a déclaré jeudi le directeur général de Prada, Andrea Guerra.
(Reportage Elisa Anziolin, rédigé par Keith Weir, version française Blandine Hénault et Mara Vîlcu,, édité par Benjamin Mallet, Augustin Turpin et Blandine Hénault)
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