(AOF) - Les taux réels américains à 5 ans "sont sur des niveaux qui restent historiquement hauts". Tel est le constat dressé par Michael Israel, cofondateur et président de Ivo Capital, lors d’un déjeuner de presse organisé à Paris le 11 septembre 2024. "Nous avons une courbe des taux américaine extrêmement positive et qui reste très intéressante en taux réels". Pour lui, "quand on voit les projections 2025, pour le moment, du fait du fameux "steepening" (raidissement) de la courbe, dont tout le monde parle, les taux 5 ans peuvent rester proches des niveaux actuels et ne pas baisser tant que ça.”
"Il n'y a pas tellement de projections de baisse des taux d'intérêt fortes attendues sur 5 ans", "nous sommes plutôt sur une stabilité des taux d'intérêt dans l'ensemble". "Ce 'steepening', s'il arrive, viendra effectivement par la baisse des taux directeurs sur la partie très courte, et puis une forme de stabilité sur la partie moyenne".
"On s'était habitué pendant 15 ans avec le 'quantitative easing' à ne gagner de l'argent que quand les taux baissent car les spreads baissaient simultanément. Pourtant gagner vite en Mark to market, puis se retrouver avec des rendements faibles ensuite, n'est pas nécessairement mieux que d'avoir des rendements intéressants (de surcroît en taux réels) stables pour toute la période", poursuit-il.
"Pour des porteurs d'obligations, il vaut mieux avoir des taux 'higher for longer' (plus hauts pour plus longtemps).” "Certes, le marché est plutôt en train de discuter de baisse des taux en ce moment, mais nous ne sommes pas inquiets si les taux ne baissent pas. Si la baisse a lieu, comme tout le monde, nous afficherons des performances court terme attractives, au lieu de les délivrer dans le temps et plus longtemps", résume Michael Israel.
"Ce qu'on aime beaucoup", ajoute le gérant, "c'est cette asymétrie entre les scénarios 'upside' (optimistes) et les scénarios ‘downside' (pessimistes), puisque dans le scénario ‘downside', c'est la hausse des taux le seul scénario"." Au travers des chiffres macroéconomiques, on sent que c'est un scénario qui s'éloigne de plus en plus, et quand bien même on trouverait des arguments pour qu'il se reproduise, on sent qu'il serait relativement limité", souligne-t-il.
"A l'inverse, sur les scénarios 'upside', on a deux scénarios, et non un seul : la baisse ou la stabilisation des taux aux niveaux actuels sont tous deux des 'upside scenario'.
Il rappelle également que dans cet univers d'investissement, "les rendements actuels des obligations tiennent à près de 50% des taux d'intérêts et l'autre moitié des spreads". "Grâce au retour d'une proportion décente de la composante taux d'intérêt dans les rendements offerts par les obligations, du fait des niveaux de taux US encore élevés, ces dernières devraient être moins volatiles qu'elles ne l'ont été durant le cycle de Quantitative Easing lorsque les rendements des obligations étaient majoritairement composés de spreads de crédit", précise-t-il.
Pour lui, cela signifie aussi que les obligations devraient retrouver également une de leurs singularités historiques, elle aussi perdue durant la période des taux bas, à savoir qu'elle seront de nouveau décorrélées ou moins corrélées aux actions dans les moments de risk off market. "L'upside/downside risk des portefeuilles obligataires bien construits reste, en absolu et en relatif par rapport à d'autres classes d'actifs, clairement attractif", conclut-il.
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