(Actualisé avec détails des premières livraisons § 12)
par Henri-Pierre André
PARIS, 16 décembre (Reuters) - Les premières vaccinations contre le coronavirus pourraient débuter dans les tout derniers jours de l'année en France si le calendrier européen d'autorisation des candidats vaccins est respecté, a déclaré mercredi Jean Castex, qui présentait la stratégie vaccinale du gouvernement devant l'Assemblée nationale.
"Les premières vaccinations pourraient être réalisées en France dès la dernière semaine du mois de décembre avant de monter en puissance début janvier", a dit le Premier ministre.
Cette première phase s'étalera sur une période de six à huit semaines tenant compte du délai de 21 jours entre la première injection et le rappel, a-t-il précisé.
Conformément aux recommandations de la Haute autorité de santé (HAS), la France a opté pour une campagne de vaccination par étapes, ciblant d'abord les publics les plus vulnérables, soit les personnes âgées vivant en établissement médico-social, notamment les Ehpad, afin de réduire la mortalité et de faire baisser la tension sur les hôpitaux. A la fin du printemps, le vaccin sera accessible à toute la population, sur les bases du volontariat et de la gratuité.
L'Agence européenne des médicaments (EMA) a décidé d'avancer à lundi prochain, le 21 décembre, l'examen du dossier du candidat vaccin de Pfizer PFE.N et BioNTech 22UAy.DE , déjà autorisé et utilisé au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et au Canada.
Dans l'éventualité d'un feu vert de l'EMA, la Commission européenne devra ensuite formellement approuver le vaccin après consultations avec les gouvernements des 27 Etats membres de l'Union. Un haut responsable de la commission a indiqué mercredi que cette approbation définitive pourrait intervenir dès le 23 décembre, mercredi prochain.
Dans la foulée des décisions européennes, la Haute autorité française de santé (HAS) donnera son avis sur les conditions d'utilisation du vaccin, a précisé Jean Castex. "C'est à partir de là que nous pourrons officiellement lancer notre campagne vaccinale", a-t-il ajouté.
DÉFI LOGISTIQUE
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui s'exprimait après lui à la tribune de l'Assemblée nationale, a indiqué que cet avis de la HAS pourrait intervenir au mieux le 24 décembre mais que les premières vaccinations pourraient avoir lieu dans les tout derniers jours de l'année.
La France a pré-commandé dans le cadre européen 200 millions de doses, de quoi vacciner 100 millions de personnes avec de la marge (le pays compte environ 67 millions d'habitants).
"Nous serons livrés au fur et à mesure que les vaccins obtiendront leur autorisation de mise sur le marché", a précisé Jean Castex. A ce stade de développement, les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna sont les plus avancés.
Lors du débat qui a suivi, il a précisé que la France recevrait 1,16 million de doses du vaccin Pfizer/BioNTech d'ici au 30 décembre puis 677.000 doses supplémentaires autour des 5-6 janvier et 1,6 million en février.
La vaccination elle-même représente un "défi logistique immense et même historique", a souligné son ministre de la Santé. Le vaccin Pfizer/BioNTech doit ainsi être conservé par -80°C. Une fois décongelé, il doit être injecté dans un délai maximal de cinq jours et ne peut pas être transporté plus de douze heures entre la décongélation et le lieu de vaccination.
"AU MOINS JUSQU'À L'ÉTÉ"
Pour autant, si l'arrivée des premiers vaccins constitue un "motif d'espoir" et dote les autorités sanitaires de "l'arme que nous attendions pour à terme mettre cette crise derrière nous", la situation sanitaire va requérir encore des efforts de la population française, a prévenu Jean Castex.
Ainsi faudra-t-il maintenir "au moins jusqu'à l'été prochain" un "socle de mesures de précaution comme un filet de sécurité" avec le rappel des gestes barrières et des mesures de prévention dont le respect, a-t-il dit, "restera, nonobstant le déploiement de la vaccination, une exigence pour chacune et chacun d'entre nous".
Les protocoles sanitaires et le large recours au télétravail resteront nécessaires.
Pour ce qui est de l'isolement des personnes positives et de leurs cas contacts, la France a écarté tout dispositif coercitif mais va renforcer l'accompagnement humain des malades. À partir de janvier, toute personne positive au coronavirus se verra proposer une visite à domicile d'un soignant et un accompagnement social, une mesure qui mobilisera plus de 1.500 infirmiers et 3.000 travailleurs sociaux.
Quant aux mesures préventives de fermetures partielles ou totales de secteurs d'activité, "difficiles et souvent mal acceptées", elles sont pourtant nécessaires, a souligné le Premier ministre en écho à la mobilisation la veille du secteur de la culture qui a réclamé de pouvoir rouvrir les cinémas, les théâtres, les musées ou bien encore les salles de spectacle.
Ces activités pensaient pouvoir rouvrir le 15 décembre. Le maintien à des niveaux très élevés du nombre de contaminations quotidiennes ne l'a pas permis et l'exécutif leur a fixé une "clause de revoyure" le 7 janvier.
"A cette échéance, nous serons en mesure de vérifier les premiers effets des vacances de fin d'année sur la circulation virale", a dit le chef du gouvernement.
(avec Matthias Blamont édité par Jean-Michel Bélot)
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