
La ministre de la Culture Rachida Dati à Bourges le 16 avril 2025 ( AFP / GUILLAUME SOUVANT )
Ministre et sans doute à nouveau candidate à Paris, encartée chez LR mais présente chez Renaissance, sous la menace d'un procès dans l'affaire Ghosn: le chemin vers l'Hôtel de ville est escarpé pour Rachida Dati, à moins d'un an des municipales.
La ministre de la Culture n'a pas assisté au dernier Conseil de Paris. Elle n'a pas vu certains opposants s'afficher ostensiblement avec le journal Libération qui, dans son édition du 10 avril, affirme que la maire du 7e arrondissement a omis de déclarer pour 420.000 euros de bijoux à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a indiqué que les avocats de Rachida Dati avaient déposé plainte pour diffamation. Et écrit à la HATVP. Dans quel but ? Sollicité par l'AFP, son entourage n'a pas donné suite.
L'affaire tombe mal. La campagne pour les municipales sera l'occasion d'"instruire un procès en probité de tous les instants" à son encontre, prédit un concurrent. Car Mme Dati a déjà un agenda judiciaire: le parquet national financier a requis qu'elle soit jugée pour corruption et trafic d'influence, aux côtés de l'ex-patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn.
Les magistrats s'intéressent notamment à 900.000 euros d'honoraires perçus en tant qu'avocate de 2010 à 2012, alors qu'elle était députée européenne. Les investigations ont également cherché à déterminer si cette convention d'honoraires aurait pu servir à masquer une activité de lobbying au Parlement européen. Ce qu'elle conteste.
- Candidate "quoiqu'il arrive" -
"C'est quelque chose d'angoissant, parce qu'elle ne le maîtrise pas", relève un proche. "Ca fait longtemps que Rachida Dati est attaquée. Cela n'a jamais eu d'impact en termes de popularité et d'intentions de vote. Elle se présentera quoiqu'il arrive", assure la conseillère de Paris Nelly Garnier, également proche de la ministre.
Suffisant, cependant, pour gêner chez Renaissance. Depuis son entrée dans le gouvernement de Gabriel Attal en janvier 2024, un rapprochement avec les macronistes semblait scellé à Paris. Et, pour le député Sylvain Maillard, Mme Dati est "la meilleure candidate". Mais son avis ne fait pas l'unanimité.
L'ex-candidate Agnès Buzyn, notamment, ne la soutiendra pas, car elle s'est "engagée sur l'idée de faire de la politique autrement". D'autres membres de Renaissance ont exprimé leur franche opposition. D'autres estiment qu'il est urgent d'attendre. Et certains se sont affichés avec le candidat Horizons Pierre-Yves Bournazel.
-PLM, "prime à la notoriété"-
"Le soutien à Dati n'est ni acté, ni automatique", glisse une source chez Renaissance. Qui rappelle les "éléments structurants" du parti pour les municipales: "le cadre de vie, la transition écologique, les valeurs, l'exemplarité des élus...".

La ministre de la Culture Rachida Dati à Bourges le 16 avril 2025 ( AFP / GUILLAUME SOUVANT )
Côté droit, la ministre a récemment indiqué devant les députés LR qu'elle était à jour de cotisation. Sourire dans les rangs. "Aux européennes, elle a fait campagne pour Renaissance debout sur une chaise", ironise un élu.
"Une municipale ne dépend pas de l'investiture de tel ou tel appareil. Sa victoire se jouera sur la dynamique de terrain", évacue Nelly Garnier.
Mme Dati a le soutien de Laurent Wauquiez. La ministre a pu compter sur les députés LR pour l'adoption du texte réformant le scrutin à Paris (PLM; Paris, Lyon, Marseille), qui doit être examiné au Sénat.
En 2024, avec Emmanuel Macron, "le deal, c'était: je viens au gouvernement et tu me fais PLM", affirme un proche. Cette réforme, voulue par les macronistes et relancée par François Bayrou, prévoit une élection plus directe du maire censée avantager la ministre de la Culture, quand les règles actuelles, arrondissement par arrondissement, rendent le chemin beaucoup plus étroit.
"S'il y a PLM, elle devient la seule candidate. Il faut être une rock star, connue de tous les Parisiens... Cela donne une prime énorme à la notoriété", juge un dirigeant LR, alors que le sénateur Francis Szpiner - qui fait l'objet d'une information judiciaire pour corruption - entend briguer l'investiture.
Rachida Dati, future ministre-candidate ? "L'avantage d'être au gouvernement, c'est que ça vous permet d’avoir de l’initiative institutionnelle. Vous pouvez enclencher des procédures de classement. Agir sur le Louvre, Notre-Dame, la Tour Eiffel". Mais "elle veille toujours à ne pas être trop parisienne dans son discours. Elle est beaucoup sur l’accès à la Culture dans les zones rurales", explique un soutien.
Elle est en tout cas la troisième membre du gouvernement la plus populaire, derrière Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, d'après l'institut Ipsos .
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