
La boussole des investisseurs qui repose sur l'optimisation du couple risque-rendement est déréglée. (Crédits: Adobe Stock)
La boussole des investisseurs qui repose sur l'optimisation du couple risque-rendement est déréglée. Durant des décennies, les détenteurs de capitaux ont observé une règle simple consistant à pondérer les perspectives de gains par le risque attaché aux actions qu'ils mettent en portefeuille. Selon ce principe, on sait qu'on peut gagner plus en misant sur une valeur volatile, que sur un titre offrant une bonne visibilité. On s'expose en revanche à de plus lourdes pertes en cas de baisse. Le risque dont il est ici question repose sur un calcul de probabilité en fonction de données économiques et financières du moment. Le problème c'est qu'avec la méthode Trump, on sort de la définition traditionnelle de « risque mesurable » pour entrer dans celle de l'incertitude. Les allers-retours du président des Etats-Unis sur la question des droits de douane brouillent les pistes et laissent peu de place à « la conviction raisonnable » sensée présider à toute décision d'investissement.
En dépit de ce tableau peu réjouissant, les marchés sont plutôt résilients. Après plusieurs épisodes d'une rare brutalité, ils bénéficient depuis le début de la semaine d'une certaine accalmie. En Europe, l'indice Eurostoxx 50 et le CAC 40 restent en territoire positif depuis le début de l'année. Ce n'est pas le cas des indices américains, mais ceux-ci sont malgré tout parvenus à se redresser cette semaine. L'abondance des liquidités en circulation et le sang-froid dont font preuve les opérateurs sur le marché obligataire ont largement contribué à soutenir les cours. La détente des taux d'intérêt à 10 ans revenus à 4,25% aux Etats-Unis, contre 4,50% à la mi-avril, a rassuré le marché. Le placement en actions a lui aussi retrouvé un certain attrait en Europe, avec en France le rendement des emprunts d'Etat revenu à 3,18% et surtout à 2,45% pour le Bund allemand de même échéance.

Laskine
Les entreprises n'ont également pas démérité. Outre-Atlantique sur les 110 sociétés du S&P 500 ayant publié leurs résultats trimestriels, 75% d'entre elles ont battu le consensus, avec une anticipation de progression 8,4% des résultats, contre 8% attendus début avril. Sur le Vieux continent, la dynamique est moins forte, mais les chiffres d'affaires sont globalement conformes aux attentes. A l'exception notoire de Kering et Dassault Système qui ont clairement déçu avec des performances opérationnelles inférieures aux attentes, la plupart des grandes valeurs de la cote sont au rendez-vous. C'est le cas des groupes industriels, mais aussi des banques, des fabricants de produits de grande consommation, de la santé et de la pharmacie.
Dans ce contexte, nous ne regrettons pas d'avoir renforcé les positions sur l'ensemble dès le 14 avril, puisque trois de nos quatre portefeuilles PEA continuent de surperformer le CAC 40 sur un mois et un an. Sur cette dernière période d'une année, marquée par un recul de 6,41% du CAC 40, trois de nos portefeuilles parviennent même à afficher des performances positives : +8,62% pour la sélection Monde, +3,25% pour le Défensif et +2,33% pour l'ISR PEA. L'Offensif, toujours pénalisé par la volatilité, recule en revanche de 4,42%. Ce jeudi, nous reprenons l'initiative sur ce portefeuille, en liquidant l'intégralité de notre ligne de Capgemini constituée en début d'année et qui ne nous donne décidément pas satisfaction. Nous préférons revenir sur le secteur de l'énergie en Allemagne qui fait l'objet d'un regain d'intérêt de la part des investisseurs. Nous avons acheté ainsi acheter 1000 actions Eon à 15,20 euros et 200 RWE à 33,89 euros. Pas de changement cette semaine dans notre sélection d‘ETF Monde, mais il convient de noter que notre position sur le tracker Amundi PEA MSCI China qui nous a donné beaucoup de fil à retordre se rapproche enfin de l'équilibre, avec la perspective de véritablement repartir à la hausse en cas d'issue prometteuse des négociations en cours sur les droits de douane avec les Etats-Unis. Notre ligne Amundi PEA Nasdaq, sur laquelle nous étions revenus à l'achat le 14 avril, est en progression plus franche.
Quelle stratégie pour le mois de mai ? Avec les 90 jours de trêve décidés par l'administration américaine sur les droits de douane, nous pouvons espérer disposer de deux mois et demi de répit dans la guerre commerciale. Depuis que le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré que des droits de douane élevés entre la Chine et les Etats-Unis n'étaient pas tenables, les signes de désescalade se multiplient. Les autorités chinoises envisagent désormais de suspendre les taxes fixées à 125% sur bon nombre de marchandises importées des Etats-Unis. Les marchés se félicitent aussi de la reculade de Donald Trump sur sa volonté de remplacer Jerome Powell à la tête de la Fed.

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La tension semble retomber, mais les opérateurs se méfient à raison du « retour de la porte de saloon », toujours possible compte tenu de l'impétuosité du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Avec la Chine et l'Asie du Sud-Est, il n'est pas plus question de « tariff » à trois chiffres. Les discussions ont toutefois peu de chance d'aboutir à des droits inférieurs à 20 ou 25%. Vis-à-vis de l'Union Européenne, la menace de droits réciproques généralisés à 20% est écartée, mais la note est salée puisque les exportations du Vieux continent sont frappées de 10% de taxes, avec un taux porté 25% sur l'automobile, l'acier et l'aluminium. Les discussions se poursuivent également avec le Canada et le Mexique. Pour l'heure, aucune de ces décisions n'est visible dans les chiffres d'activité économiques ou dans les dernières publications trimestrielles d'entreprises, mais le choc provoqué par la multiplication des barrières tarifaires va commencer à se faire sentir de plus en plus lourdement dans les mois à venir. Dans ces conditions, notre stratégie va consister à continuer de prudemment renforcer les positions sur l'ensemble de nos portefeuilles en privilégiant les valeurs les plus résilientes. Ceci, en gardant un certain volant de liquidités. Quitte prendre le risque d'avancer un peu moins vite que les indices aujourd'hui portés à la hausse par le rattrapage des valeurs ayant été le plus pénalisées par l'emballement des esprits autour des droits de douane.
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