Le groupe italien Leonardo souhaite mener la consolidation du l'industrie européenne des satellites ( AFP / MARCO BERTORELLO )
Leonardo, géant italien de l'aérospatial et de la défense, veut être "proactif" dans la concentration du secteur européen des satellites, "une nécessité incontournable" face à la concurrence américaine, a déclaré à l'AFP le codirecteur général du groupe, Lorenzo Mariani.
Interrogé sur le futur rapprochement avec les poids lourds du secteur, Airbus et Thales qui souffrent de la crise des satellites de télécommunication et suppriment des emplois, il a estimé que le meilleur modèle serait celui de MBDA, entreprise européenne créée en 2001 spécialisée dans la conception et la production de missiles qui regroupe des actions provenant d'Airbus, de BAE Systems et Leonardo et est présente dans plusieurs pays européens (France, Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Espagne).
Ce modèle, qui "équilibre efficacité collective et respect des spécificités nationales", "a fonctionné parce qu’il donnait une place équitable à toutes les nations participantes, notamment la France, l’Italie et l’Allemagne", a souligné M. Mariani, qui est également président du conseil d'administration de MBDA Italie.
"Dans l’espace, les principaux acteurs sont la France, l’Allemagne et l’Italie, mais aussi l’Espagne et le Royaume-Uni. Côté industriel, Thales, Airbus et Leonardo représentent ces nations. Le modèle que je vois serait similaire à MBDA, bien que les détails restent à élaborer selon la répartition des forces en jeu", a-t-il ajouté.
- Un projet dès 2025? -
Avec Airbus et Thales, "des discussions actives" sont en cours.
"Les équipes analysent en détail la structure actuelle des sociétés, la manière dont elles pourraient mieux répondre aux besoins du marché, et comment réduire le déséquilibre entre l’offre et la demande. On évalue actuellement la possibilité d’évoluer d’ici 2025 avec un nouveau modèle, mais aussi une nouvelle structure qui pourrait découler de ce modèle", a-t-il précisé.
Chez Airbus et Thales, qui entendent supprimer respectivement 2.043 et 1.300 postes dans leurs divisions espace-défense, les dirigeants reconnaissent la nécessité d'un rapprochement, mais restent discrets sur leur vision.
"Le diagnostic est certainement partagé (...) mais le diable est dans les détails pour trouver une solution", résume Lorenzo Mariani.
Selon lui, les clients ont besoin d'une offre "end-to-end" allant du satellite jusqu'aux services satellitaires (télécommunications par satellite, navigation ou observation de la Terre). Et le modèle des deux coentreprises avec Thales - Telespazio (services), contrôlé à 67% par Leonardo et 33% par Thales, et Thales Alenia Space (infratructures), contrôlé aux deux tiers par Thales et un tiers par Leonardo - n'était plus viable.
"Ce modèle doit clairement évoluer, car il ne répond pas pleinement au marché", a-t-il dit.
- "Opportunités" -
Pour Leonardo, "le premier défi est de gérer la consolidation de l'industrie européenne, de le faire en tant que leader proactif et non pas de la subir", martèle Lorenzo Mariani.
"Somme toute, l'Europe n'investit pas si peu en défense et en sécurité (...) Toutefois, les États-Unis et d'autres pays investissent davantage et concentrent leurs investissements sur un nombre plus restreint de plateformes. Cela donne une efficacité parfois cinq, six, huit, voire dix fois supérieure. L'Europe doit nécessairement se consolider", ajoute-t-il.
Il suggère de voir "des opportunités" dans les difficultés actuelles, citant de nouveau l'exemple de MBDA "qui s'est formé lorsque plusieurs entreprises étaient en difficulté face à une baisse de la demande".
"Aujourd’hui, MBDA est l’un des acteurs les plus rentables d’Europe, et cela montre que de telles pressions peuvent créer des opportunités", souligne-t-il.
Dans le domaine spatial, "l'Europe peine à trouver des solutions compétitives pour l'accès à l'espace".
Pendant ce temps avec SpaceX, le milliardaire américain Elon Musk "a multiplié les solutions permettant d'envoyer des charges dans l'espace à un rythme 20 à 30 fois plus élevé et à des coûts 10 à 20 fois inférieurs. C'est déjà une incitation suffisante pour dire qu'un effort de consolidation est essentiel dans ce secteur", conclut-il.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer