
Une concession multimarque Stellantis au Portugal. (Crédits: Adobe Stock)
L'action Stellantis , la holding qui regroupe Peugeot - Citroën, Fiat et Chrysler, a subi une crise boursière d'une rare violence. Depuis le plus haut historique atteint le 25 mars dernier, à 27,16 €, le cours a chuté de 56% en 7 mois : il valait 11,86€ le 11 octobre, au plus bas, avant de commencer une stabilisation puis un rebond qui l'amène aujourd'hui à 13,56€. Il vaut aujourd'hui quand même la moitié seulement de ce qu'il cotait il y a 11 mois...

Source : Factset et Phiadvisor Valquant
Tout s'est ligué contre l'action.
Les anticipations de bénéfice. Jusque fin avril 2024, les analystes financiers ont confirmé leurs anticipations de bénéfice 2024 et 2025. Mais à partir du mois de mai, ils ont changé leur fusil d'épaule : la dégradation de la conjoncture mondiale et la multiplication des contraintes environnementales ont provoqué des révisions en baisse. Elles ont été aussi rapides que la constitution des stocks d'invendus, notamment aux USA...Alors qu'en avril 2024 le consensus Factset des analystes financiers attendait un BPA de 5,58€, aujourd'hui les attentes sont limitées à 2,36€, soit une révision en baisse de près de 58% en quelques mois !

Source : Factset et Phiadvisor Valquant
La géopolitique A partir du printemps 2024, les sondages ont progressivement favorisé Donald Trump vs Joe Biden, et l'accession du populiste à la présidence de la République des USA a sonné le tocsin pour les groupes automobiles européens (et américains d'ailleurs), qui tous vont souffrir de la mise en place de droits de douane sur les voitures importées aux USA, annoncée bruyamment par le nouveau Président. La tendance baissière s'est donc renforcée.
Les taux ...De plus, au fur et à mesure que l'année 2024 s'avançait, les anticipations de baisse rapide et profonde des taux de la Banque centrale des USA ont été déçues. Certes plusieurs baisses ont été annoncées depuis septembre, mais très vite il est apparu que les données sur l'inflation allaient empêcher la Fed de baisser très rapidement ses taux. Et, de fait, en fin d'année 2024 le cycle de baisse des taux était contrarié par une inflation très résistante. Comme 2 véhicules particuliers sur 3 sont achetés à crédit, on comprend que cette situation ait pénalisé la marche des affaires des grands groupes automobiles mondiaux.
La montée en puissance de l'offre des constructeurs chinois est particulièrement forte en France, et le syndicat professionnel des constructeurs s'est ému d'une part de marché des constructeurs chinois qui pourrait augmenter très fortement d'ici 2026.
Nous pensons que l'action Stellantis a probablement touché le fond, et que désormais toutes les mauvaises nouvelles sont connues et ont suffisamment affecté le cours de l'action : les perspectives boursières de l'action s'éclaircissent enfin...
En effet, nous avons déjà assisté à un début d'inflexion boursière. Le cours est maintenant bien stabilisé, et sa dynamique reprend progressivement de la vigueur. Evidemment, le processus en est encore à ses débuts, mais le rebond en cours pourrait s'accélérer.
Pour qu'il dure et se transforme en véritable retournement haussier, il faut qu'il soit accompagné par une inflexion des bénéfices. Les révisions de bénéfices sont beaucoup moins virulentes, et elles sont quasiment neutres aujourd'hui pour la première fois depuis avril ...Et les analystes attendent désormais une hausse du bénéfice de 13% en 2025 par rapport à 2024, puis de 18,8% en 2026. C'est bien sur un élément majeur pour valider un retournement haussier ....

Source : Factset et Phiadvisor Valquant
Pour confirmer cette bonne opinion boursière, et la possibilité d'un redémarrage haussier, le niveau atteint récemment par le ratio de cours sur fonds propres (ou Price to Book Value, PBV) serait bien sur un plus bas cyclique, ce qui marquerait le début d'un retournement général. En effet, il a atteint 0,41 récemment, vs 0,35 en 2020, le point bas du cycle précèdent....

Source : Factset et Phiadvisor Valquant
De plus, 3 points complémentaires jouent à la faveur de Stellantis :
1/ Les groupes automobiles européens devraient bénéficier d'« aménagements » dans les contraintes environnementales que leur impose la réglementation européenne.
2/ Il n'est pas impossible qu'une partie de l'appareil industriel qui doit être déclassé, voire mis au rebut en raison de la transition vers le tout électrique, soit utilisée à des fins militaires, dans le cadre de l'effort très important que l'Europe va très probablement consentir pour sa défense...
3/ Dans le cadre de l'hyperactivité géopolitique du moment, les consommateurs européens pourraient durablement se détourner des véhicules Tesla, pour lesquels Elon Musk fait une contre publicité en raison de ses ingérences dans la politique de certains pays européens. La chute factuelle des ventes du groupe américains pourraient profiter aux constructeurs européens, dont Stellantis.
Certes, le pari de l'action Stellantis demeure très risqué. Les révisions négatives de bénéfices ne sont probablement pas complétement terminées. La conjoncture européenne est dégradée et les ventes pourraient baisser plus encore. L'impact des droits de douane sur les ventes de véhicules européens, ainsi que sur les constructeurs locaux qui sous traitent une bonne partie de leur production au Mexique ou au Canada, pourrait être particulièrement négatif sur les ventes.
Tous ces éléments sont connus, et si le risque est élevé, le potentiel de hausse de l'action est très important....
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