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Sucre-Salariés et betteraviers font pression sur l'Allemagne
information fournie par Reuters 07/05/2019 à 16:46

 (Harmonisation orthographe nom propre Dechaufour §§4 et 20)
    * Les cours du sucre sont en forte baisse
    * Südzucker veut arrêter la production sur deux sites en
France
    * La Confédération des betteraviers veut les racheter
    * Elle présentera un plan de reprise à Südzucker le 15 mai

    par Danielle Rouquié
    PARIS, 7 mai (Reuters) - Des salariés de Saint Louis Sucre,
filiale française du groupe allemand Südzucker  SZUG.DE , et des
représentants de betteraviers ont manifesté mardi près de
l'ambassade d'Allemagne à Paris pour protester contre l'arrêt
d'une partie de la production sucrière en France.
    Dans un contexte de chute des cours, Südzucker prévoit de
réduire sa production de 700.000 tonnes, dont 450.000 en France,
ce qui se traduira par l'arrêt de la production sur deux sites
en France, à Cagny dans le Calvados (82 salariés) et à Eppeville
(Somme), où 126 personnes travaillent.  
    Ces deux sites ne conserveraient que certaines activités, de
stockage notamment. En terme d'emploi, seul le site de Cagny est
effectivement touché : seuls huit postes sont maintenus. Les
salariés d'Eppeville se sont vu offrir, entre autres, une
proposition de reclassement sur un autre site de production. 
    La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB)
a monté un projet de reprise des deux sites via une coopérative
dont le capital est détenu par les planteurs avec éventuellement
d'autres investisseurs, indiquent Benoît Carton, directeur
régional CGB de Normandie et Patrick Dechaufour, président de la
CGB Calvados, Sarthe, Orne, venus manifester à Paris. 
    Les régions Hauts-de-France et Normandie interviendraient 
soit sous forme de subventions, via les aides du Fonds européen
agricole pour le développement rural (Feader), soit en entrant
au capital, voire via des obligations convertibles. 
    La CGB doit rencontrer des banquiers vendredi.     
    Ce projet d'offre de reprise sera remis à Südzucker lors
d'un rendez-vous prévu le 15 mai à Strasbourg entre les
betteraviers et les représentants du groupe allemand.    
    Malgré la crise de cours du sucre, la CGB estime son plan
viable, notamment parce que les charges de fonctionnement des
deux sites français seraient beaucoup moins élevées que celles
que leur impute Südzucker.
    
    PRESSION POLITIQUE
    "Pour pouvoir le faire valider, il faut amener les Allemands
à négocier", explique Patrick Dechaufour. "Aujourd'hui, on
discute avec les Allemands, mais on ne négocie pas". 
    "Il faudra que ça remonte dans les plus hautes sphères de
l'Etat pour que le dossier avance", ajoute-t-il. "La pression
politique pour nous est très importante."
    La CGB avait manifesté le 12 mars dernier devant le siège de
Südzucker à Mannheim dans le sud-ouest de l'Allemagne, en
compagnie d'élus et de salariés de Saint Louis Sucre. 
    Le président de la CGB Franck Sander et son directeur
général Pierre Rayé ont été reçus mardi matin à Bercy par le
délégué interministériel aux restructurations d'entreprises
Jean-Pierre Floris, à qui ils ont présenté le projet de reprise.
    La CGB ne veut pas dévoiler le prix proposé pour racheter
les deux sites, faisant valoir que des investissements seront
nécessaires à Cagny et Eppeville, investissements qui seront à
défalquer du prix d'achat.    
    Pour Loïc Touzé, délégué syndical Force ouvrière Saint Louis
Sucre, le refus de Südzucker de céder ses sites français, "c'est
clairement un problème de protectionnisme allemand".
    "Le groupe Südzucker considère qu'il y a trop de sucre en
Europe. Donc, ils veulent fermer les usines pour qu'il y ait
moins de sucre en Europe pour pouvoir faire remonter les cours.
Ils ne veulent surtout pas les céder. (...) Ils veulent démonter
les usines et les ferrailler", estime-t-il.
    Selon lui, ce sont les usines allemandes et polonaises qui
produiront le sucre manquant quand les cours remonteront.
    "Ce qu'il faut que Südzucker comprenne : fermer un site, ça
va leur coûter 50 à 60 millions d'euros par site (en terme de
dépollution et de désamiantage)", déclare le syndicaliste. 
    "Soit ils dépensent 50 millions pour fermer un site, soit
ils acceptent une offre de reprise de quelques dizaines de
millions d'euros et donc du coup, ils vont être les grands
gagnants de l'histoire puisqu'ils feront une économie, ils
encaisseront de l'argent." 
    Le sucrier Cristal Union (marque Daddy) veut lui aussi
fermer deux sites de production en France d'ici fin 2020.
 

 (Avec Sybille de La Hamaide, édité par Yves Clarisse)
 

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