Le logo de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan
par Simon Jessop, Gloria Dickie et Kate Abnett
Les délégués de la conférence de l'Onu sur le climat à Bakou (COP29), en Azerbaïdjan, n'avaient toujours trouvé aucun accord jeudi sur l'aide financière à la lutte contre le changement climatique à apporter aux pays les plus vulnérables, alors qu'approche la fin du sommet.
L'objectif principal de la COP29 est de déterminer le montant des fonds que les pays développés les plus riches doivent fournir aux pays en développement les plus pauvres, un élément essentiel des efforts visant à limiter les dommages causés par la hausse des températures mondiales.
La dernière version du texte est arrivée avec plusieurs heures de retard, alors que les délégués entamaient, en théorie, les dernières 48 heures du sommet.
Alors que le sommet doit s'achever vendredi, le nouveau document montre qu'il reste encore beaucoup à faire sur des questions clés, notamment sur les éléments à prendre en compte dans le calcul du financement annuel, le montant lui-même et qui pour le financer.
"En l'état actuel des choses, ce document est clairement inacceptable", a déclaré Wopke Hoekstra, commissaire européen à l'Action pour le climat.
"Tout cela se transforme en un spectacle tragique, un spectacle de clowns, parce que lorsque nous arrivons à la dernière minute, nous obtenons toujours un texte qui est tout simplement très faible", a déploré de son côté Juan Carlos Monterrey Gómez, le principal négociateur pour le Panama.
Les pays en développement ont besoin d'au moins 1.000 milliards de dollars (950,66 milliards d'euros) par an d'ici la fin de la décennie pour faire face au changement climatique, ont déclaré des économistes lors des négociations la semaine dernière.
Le document de travail, réduit de moitié, à 10 pages, à force de supprimer des options, révèle par ailleurs les divisions entre pays développés et pays en développement.
Une option propose de garantir que les fonds proviennent de subventions ou équivalents et que les contributions des pays en développement entre eux - un clin d'oeil aux grands donateurs potentiels comme la Chine - ne fassent pas formellement partie de l'objectif.
L'autre option, qui reprend la position des pays riches, vise à élargir les types de financement pris en compte dans l'objectif annuel final, en incluant également les contributions des pays en développement.
Les deux propositions se gardent cependant de donner un montant total des fonds que les pays devraient s'efforcer d'investir chaque année, laissant un simple "X" là où il devrait se trouver.
"Nous sommes loin de la ligne d'arrivée", a déclaré Li Shuo, expert en diplomatie climatique à l'Asia Society Policy Institute. "Le nouveau texte sur le financement présente les deux extrémités du chemin, avec peu de marge entre".
"Fait marquant, le texte ne contient pas de nombre définissant l'ampleur du financement futur pour la lutte contre le changement climatique, ce qui est une condition préalable à toute négociation de bonne foi", a-t-il ajouté.
Cela n'est cependant pas surprenant car les principaux pays donateurs, y compris ceux de l'Union européenne, ont déclaré vouloir plus de clarté sur la structure et la base des contributeurs avant de discuter publiquement du montant qu'ils pourraient apporter.
COMBUSTIBLES FOSSILES
Certains négociateurs ont également déclaré que les propositions présentées jeudi ne respectaient pas l'engagement pris lors du sommet de Dubaï l'année dernière (COP28) d'abandonner les combustibles fossiles, et salué à l'époque comme un moment historique.
Les activités humaines - principalement l'usage de combustibles fossiles - ont contribué à augmenter la température moyenne à long terme de la planète d'environ 1,3 degré Celsius (°C) depuis l'ère préindustrielle, provoquant inondations, ouragans, sécheresses et vagues de chaleur extrêmes.
Les pays recherchent davantage de financement pour atteindre l'objectif de l'accord de Paris de 2015, à savoir limiter l'augmentation de la température mondiale bien en deçà des 2°C et idéalement à 1,5°C d'ici la fin du siècle.
Les climatologues affirment aujourd'hui que le monde est susceptible de franchir ce seuil de 1,5°C, au-delà duquel des effets climatiques encore plus catastrophiques pourraient se produire, au début des années 2030, voire avant.
Outre le financement, l'avenir des combustibles fossiles est au coeur des négociation de la COP29, où il a suscité des désaccords dès le premier jour.
Lors de la séance plénière d'ouverture, le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, s'en est pris aux critiques de l'industrie pétrolière et gazière de son pays, décrivant ces ressources comme un "don de Dieu".
Le dernier projet de texte de l'accord de Dubaï fait référence à la "transition vers l'abandon des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques", mais ne définit pas clairement les prochaines étapes.
Un négociateur européen a déclaré à Reuters que les travaux sur l'atténuation, c'est-à-dire la réduction des émissions de carbone et la lutte contre le réchauffement de la planète, étaient "en retrait" par rapport à Dubaï.
Dans le document relatif au financement de la lutte contre le changement climatique, les négociateurs mentionnent seulement l'élimination progressive des "subventions inefficaces aux combustibles fossiles (...) dès que possible".
Il exhorte également les entreprises à "contribuer à l'action climatique et à aligner leurs opérations sur l'Accord de Paris", en investissant notamment dans les pays en développement et en soutenant le transfert de technologies.
"Il ne nous reste plus que deux jours. Nous devons vraiment travailler dur pour que cette COP soit une réussite", a appelé de ses voeux le ministre de l'Environnement des Maldives, Thoriq Ibrahim.
(Version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)
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