(actualisé avec précisions)
4 juin (Reuters) - Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a déclaré samedi que la France ferait mieux de "remettre la Russie à sa place" plutôt que de chercher à éviter d'humilier Moscou afin de préserver les canaux diplomatiques.
Dans un entretien avec la presse quotidienne régionale, Emmanuel Macron, qui a maintenu le dialogue avec le président russe Vladimir Poutine depuis le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, a proposé la médiation de la France dans le conflit et a mis en garde contre une humiliation de la Russie pour maintenir des liens diplomatiques.
"Les appels à éviter d'humilier la Russie ne peuvent qu'humilier la France ou tout autre pays. Car c'est la Russie qui s'humilie", a réagi sur Twitter le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kouleba
"Nous ferions tous mieux de nous concentrer sur la façon de remettre la Russie à sa place. Cela apportera la paix et sauvera des vies", a ajouté le chef de la diplomatie ukrainienne.
Interrogé sur cette offre de médiation, un conseiller de la présidence ukrainienne a répondu: "Tant que nous n'aurons pas reçu toutes les armes, tant que nous n'aurons pas renforcé nos positions, tant que nous n'aurons pas repoussé (les forces russes, ndlr) le plus loin possible des frontières de l'Ukraine, il n'y aura pas lieu de négocier".
Pour sa part, Emmanuel Macron a appelé à ne pas humilier la Russie "pour que le jour où les combats cesseront, nous puissions bâtir un chemin de sortie par les voies diplomatiques".
Il ajoute avoir régulièrement échangé avec Vladimir Poutine depuis le début de la guerre dans l'idée de parvenir à un cessez-le-feu, sans réel succès pour l'instant.
La France a apporté un soutien militaire et financier à l'Ukraine mais, jusqu'à maintenant, le chef de l'Etat ne s'est pas déplacé à Kyiv pour afficher ouvertement un soutien politique comme d'autres leaders européens l'ont fait.
Il s'agit pourtant d'une demande des ukrainiens. Emmmanuel Macron a précisé cependant qu'il ne l'excluait pas.
"Je pense, et je lui ai dit (à Vladimir Poutine), qu’il a fait une erreur historique et fondamentale pour son peuple, pour lui-même et pour l’Histoire", a-t-il déclaré.
La Russie occupe maintenant un cinquième du territoire ukrainien. Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, ont fourni à l'Ukraine des armes à longue portée. Kyiv réclame néanmoins des armes encore plus puissantes.
L'administration Biden fournira notamment le lance-roquettes multiple mobile M142 (HIMARS), qui a une portée de plusieurs centaines de kilomètres.
Pour le négociateur ukrainien David Arakhamia, l'Ukraine veut renforcer ses positions militaires sur le terrain grâce aux nouvelles livraisons d'armes occidentales avant de reprendre les négociations de paix avec la Russie.
"Nos forces armées sont prêtes à utiliser (les nouvelles armes, ndlr) (...) et je pense alors que nous pourrons entamer un nouveau cycle de négociations à partir de positions renforcées", a déclaré David Arakhamia à la télévision ukrainienne.
La France a aussi envoyé des armes, notamment six canons Caesar qui ont été prélevés sur le stock des forces françaises. Emmanuel Macron a précisé qu'il avait demandé aux industriels d’accélérer la production d’armements.
Kyiv a déclaré samedi que l'armée ukrainienne était parvenue à repousser l'avancée des troupes russes à Sievierodonetsk alors que les combats font rage autour de la ville industrielle où les soldats russes concentrent leur offensive pour prendre le contrôle du Donbass. nL8N2XR042
(Reportage Max Hunder et John Irish, version française Matthieu Protard et Caroline Pailliez)
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