(Actualisé avec ouverture du procès, contexte)
par Jody Godoy
Google, filiale d'Alphabet
GOOGL.O , doit se voir imposer des mesures strictes pour l'empêcher d'utiliser ses produits d'intelligence artificielle (IA) afin d'étendre son monopole sur la recherche en ligne, a déclaré lundi un avocat du département américain de la Justice (DoJ) .
Le géant de la "tech" affronte à partir de lundi un nouveau procès dont l'issue pourrait bouleverser le secteur de l'internet aux Etats-Unis en renforçant la concurrence sur le marché des moteurs de recherche en ligne.
"Il est temps de dire à Google et à tous les autres monopoles qui nous écoutent, et ils nous écoutent, que la violation des lois de la concurrence a des conséquences", a déclaré David Dahlquist, avocat du DOJ, dans sa plaidoirie d'ouverture.
En août dernier, le groupe avait été reconnu coupable d'abus de position dominante sur les recherches et les publicités en ligne dans le procès qui l'opposait au gouvernement américain.
Cette décision a ouvert la voie à un second procès visant à déterminer des solutions potentielles pour remédier à cette situation de monopole.
Le juge fédéral Amit Mehtaa, en charge de l'affaire, devra lors de ce nouveau procès analyser les propositions du DOJ qui a réclamé en novembre dernier que Google se sépare de son navigateur Chrome.
La décision du tribunal devrait être "tournée vers l'avenir et ne pas ignorer ce qui se profile à l'horizon", a dit David Dahlquist.
L'avocat fera appel à des témoins qui travaillent pour les entreprises d'intelligence artificielle Perplexity AI et OpenAI qui expliqueront comment la recherche et l'IA se chevauchent et comment la position dominante de Google affecte leur activité.
L'avocat de Google John Schmidtlein, du cabinet Williams & Connolly, a déclaré au juge Amit Mehta que les propositions du département de la justice équivalaient à "une liste de souhaits pour les concurrents qui cherchent à tirer profit des innovations extraordinaires de Google".
Les concurrents dans le domaine de l'IA "aimeraient recevoir des coups de pouce, même s'ils sont tout à fait compétitifs", a-t-il ajouté.
Google fait valoir que ses produits d'IA ne relèvent pas du champ d'application de l'affaire, qui porte sur les moteurs de recherche. L'adoption des mesures correctives proposées "freinerait l'innovation américaine à un moment critique", a déclaré Lee-Anne Mulholland, vice-présidente de Google, dans un billet de blog publié dimanche.
L'entreprise prévoit de faire appel de la décision finale dans cette affaire.
METTRE FIN AUX ACCORDS D'EXCLUSIVITÉ
Les autorités de la concurrence ont proposé des mesures de grande envergure afin d'ouvrir rapidement le marché de la recherche en ligne.
Ils ont notamment suggéré de mettre fin aux accords d'exclusivité en vertu desquels le groupe technologique verse chaque année des milliards de dollars à Apple AAPL.O et à d'autres fabriquants d'équipements informatiques pour faire de Google le moteur de recherche par défaut sur leurs appareils.
Les procureurs américains ont aussi réclamé que Google, qui contrôle environ 90% du marché de la recherche en ligne, partage les données et les résultats de recherches avec ses concurrents. Enfin, il serait contraint de vendre son système d'exploitation mobile Android si les autres mesures correctives ne parviennent pas à rétablir la concurrence.
Le groupe considère que ces propositions reviennent à céder ses innovations les plus importantes et estime que le tribunal devrait s'en tenir à des accords non exclusifs par défaut.
L'arrêt des paiements de Google aux fabricants d'appareils et aux développeurs de navigateurs augmenterait le coût des smartphones et mettrait en péril l'existence d'entreprises telles que Mozilla, affirme Google .
Google prévoit de faire comparaître des témoins de Mozilla, Verizon VZ.N et Apple, qui a tenté en vain d'intervenir dans l'affaire.
Ce procès intervient alors que le DoJ a remporté, jeudi devant un tribunal de Virginie, une victoire dans une affaire de concurrence distincte. Le juge a statué que Google avait abusé de sa position dominante sur le marché de la publicité sur internet.
Le procès, qui doit durer trois semaines, se déroule dans le même tribunal que celui où Meta META.O est actuellement jugé pour des accusations de pratiques anticoncurrentielles présumées sur les réseaux sociaux avec l'acquisition d'Instagram et de WhatsApp.
Google a déclaré qu'il ferait appel de la décision finale dans cette affaire.
(Rédigé par Jody Godoy à Washington, Mara Vîlcu pour la version française, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)
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