USA: LA FED CRAINT UNE REPRISE LENTE MAIS EXCLUT DES TAUX NÉGATIFS
par Howard Schneider
WASHINGTON (Reuters) - Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale des Etats-Unis, a déclaré mercredi que l'économie américaine pourrait connaître une "période prolongée" de croissance faible et il a promis que la banque centrale prendrait de nouvelles mesures de soutien si nécessaire tout en excluant le recours à des taux d'intérêt négatifs.
"Il faudra un certain temps pour revenir là où nous en étions" avant la crise, a-t-il dit lors d'une téléconférence organisée par le Peterson Institute for International Economics. "On a l'impression, de plus en plus selon moi, que la reprise pourrait arriver plus lentement qu'on ne le souhaiterait même si elle arrivera, et cela pourrait signifier qu'il sera nécessaire que nous en fassions plus."
Il a cependant exclu de ramener les taux en dessous de zéro, une stratégie adoptée entre autres par la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon et souhaitée par Donald Trump, en disant que cette voie n'était "pas quelque chose que nous envisageons".
Wall Street reculait en début de séance après ces déclarations, le rejet des taux négatifs ayant déçu une partie des investisseurs. Sur le marché obligataire, la baisse des rendements obligataires s'atténuait et sur celui des devises, le dollar était quasi stable face à un panier de référence.
Pour Jerome Powell, la réponse des autorités monétaires et politiques à la crise provoquée par la pandémie de coronavirus a jusqu'à présent été "particulièrement rapide et forte".
"Mais la reprise pourrait avoir besoin de temps pour trouver sa dynamique" et elle sera soumise aux progrès de la lutte contre le virus, a-t-il ajouté.
POWELL PLAIDE POUR UN SOUTIEN BUDGÉTAIRE ACCRU
Plus les risques sanitaires persisteront, a-t-il dit, plus le risque augmentera d'enregistrer une augmentation des défaillances d'entreprise et des tensions sur les revenus des ménages.
Il a souligné que la crise actuelle touchait particulièrement les plus faibles, en citant une étude de la Fed selon laquelle 40% des ménages disposant de moins de 40.000 dollars (36.850 euros environ) de revenus annuels comptaient au moins une personne ayant perdu son emploi depuis février.
Le pire des scénarios envisagés aujourd'hui intègre "une période prolongée de faible croissance de la productivité et de stagnation des revenus", a-t-il expliqué, ajoutant qu'"un soutien budgétaire supplémentaire pourrait être coûteux mais serait justifié s'il permet d'éviter des dommages économiques à long terme et nous conduit à une reprise plus forte".
Ces propos, inhabituels de la part d'un dirigeant de banque centrale, constituent un appel direct au Congrès américain afin qu'il amplifie son soutien à l'économie, qui représente déjà près de 3.000 milliards de dollars.
"Ce choix appartient à nos représentants élus, qui détiennent le pouvoir en matière de fiscalité et de dépenses", a dit le président de la Fed.
La Chambre des représentants et le Sénat américains débattent actuellement de l'éventualité de nouvelles mesures de soutien aux entreprises et aux ménages tandis que la Maison blanche dit vouloir d'abord évaluer l'impact de la levée des mesures de confinement dans une partie des Etats du pays.
Les démocrates de la Chambre des représentants ont dévoilé mardi un nouveau plan de 3.000 milliards de dollars destiné à soutenir les Etats, commerces et foyers américains, mais les républicains du Sénat s'y sont fermement opposés.
L'économie américaine a perdu 20,5 millions d'emplois au mois d'avril et quelque 33 millions d'Américains ont sollicité des allocations chômage depuis la fin mars. Certains observateurs estiment que le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis pourrait se contracter de 40% en rythme annualisé au deuxième trimestre.
(Version française Marc Angrand, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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