par Leah Douglas
Des organisations américaines d'assistance aux migrants s'affairent depuis l'élection de Donald Trump à mettre en place des programmes pour venir en aide aux nombreux ouvriers agricoles en situation irrégulière aux Etats-Unis, dans la perspective d'expulsions massives.
Le milliardaire républicain a promis pendant sa campagne de renvoyer des millions de sans papiers dès son arrivée au pouvoir le 20 janvier, ce qui pourrait particulièrement affecter le secteur agricole, qui se repose très fortement sur cette main d'oeuvre illégale.
"La nouvelle administration n'a pas encore prêté serment, mais les gens ont vraiment peur", déclare Sarait Martinez, directrice exécutive du Centro Binacional para el Desarrollo Indígena Oaxaqueño (CBDIO), qui prête assistance en Californie aux travailleurs agricoles mexicains indigènes.
Le CBDIO, comme d'autres organisations d'aide, propose des "ateliers" aux migrants durant lesquels ceux-ci apprennent, entre autres services, à répondre à de faux agents des services de l'immigration, à réagir en cas d'arrestation, à assurer la sécurité de leur famille en cas d'expulsion, à remplir des formulaires pour désigner des tuteurs pour leurs enfants.
Selon le Pew Research Center, environ 4,4 millions d'enfants nés aux Etats-Unis vivent dans un foyer comptant au moins un parent en situation illégale.
"Nous sommes très inquiets. Nous sommes fiers de notre travail mais c'est difficile d'avoir envie de sortir pour aller travailler", confie Alfredo, employé dans l'Etat de Washington, qui a participé à des séances de formation et tait son nom de famille par peur d'être ciblé.
INQUIÉTUDE EN CALIFORNIE
Selon le département américain de l'Agriculture, la moitié des ouvriers agricoles aux Etats-Unis sont en situation irrégulière.
Le lobby du secteur a plusieurs fois alerté sur le risque que des expulsions massives ne mettent la production à l'arrêt.
La situation est notamment préoccupante, dit-il, en Californie, d'où proviennent le tiers des légumes et les trois quarts des fruits et noix produits aux Etats-Unis.
Sur les quelque 400.000 ouvriers agricoles recensés dans l'Etat, les trois quarts sont en situation irrégulière, évalue l'UC Merced Community and Labor Center, un institut spécialisé de l'Université de Californie.
L'équipe de transition de Donald Trump affirme que la future administration expulsera en priorité les étrangers en situation irrégulière jugés dangereux pour la sécurité nationale, mais promet aussi, selon les termes de sa porte-parole Karoline Leavitt, "de renforcer la main d'oeuvre" américaine.
Dans certains comtés agricoles de Californie, les sans papiers n'ont guère accès à des services d'assistance juridique, constate Ivette Chaidez Villarreal, responsable au sein de Valley Voices.
Depuis la victoire électorale de Donald Trump, cette organisation de défense des droits civiques implantée dans la Central Valley concentre ses efforts sur l'immigration et travaille avec d'autres groupes afin de monter un réseau d'entraide.
De l'autre côté du pays, dans l'Etat de New York, le Cornell Farmworker Program a multiplié par dix le nombre de ses ateliers destinés aux sans papiers et prévoit d'en organiser bientôt un chaque jour, explique sa directrice Mary Jo Dudley.
"C'est une course contre la montre", résume-t-elle.
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Kate Entringer)
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