Le fabricant français de bouteilles et de pots en verre est leader en Europe, il affiche la meilleure marge du secteur et, pourtant, il est moins valorisé en Bourse que son concurrent espagnol Vidrala.

Ligne de fabrication de bouteilles en verre. (crédit photo : Adobe Stock / )
Verallia a atteint, cette semaine, de nouveaux records en Bourse, à presque 45 euros par action, ce qui valorisait alors l'entreprise aux alentours de 5,5 milliards d'euros. Le fabricant de bouteilles et de pots en verre, leader européen du recyclage, a gagné 3 milliards de capitalisation en un an (+90%) dans un monde qui cherche à se débarrasser du plastique. Le secteur « bénéficie à long terme de la conversion du plastique, une opportunité de marché théorique de 300 milliards de dollars », expliquait en juin Bank of America Securities. Depuis, le cours de cette ancienne division de Saint-Gobain a pris 30%.
L'analyste Jean-François Granjon, de la banque privée Oddo BHF, estime que les actions du verrier ont encore du potentiel et, après avoir participé à un roadshow avec la direction en Allemagne et Europe du Nord, relève son objectif de cours de 47 à 52 euros. Le PDG, Michel Giannuzzi, et la directrice financière, Nathalie Delbreuve, sont revenus sur les «excellentes performances semestrielles, au-delà des attentes, et surtout sur des perspectives qui demeurent solides.»
Pour un chiffre d'affaires de 2,14 milliards d'euros, en hausse de 30,7% (+28,6% à périmètre et taux de changes constants), l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a bondi de 55%, à 659 millions. Si les volumes vendus ont baissé de 4,6%, pénalisés par la faiblesse du marché de la bière en Allemagne et des vins tranquilles en Europe, dans un contexte d'inflation qui freine la consommation, ainsi que par un phénomène de déstockage, l'effet prix-mix a été considérable (33%), le verrier bénéficiant à plein des hausses de prix réalisées en 2022, et encore en début d'année, pour répercuter la très forte hausse des coûts de l'énergie.
Nouvelle feuille de route
Verallia, avec une marge d'Ebitda de 32,2% au deuxième trimestre (+480 points de base sur un an, +300 par rapport au premier trimestre), affiche la meilleure rentabilité sectorielle, ce dont la Bourse n'a visiblement pas conscience car elle valorise mieux Vidrala, le concurrent espagnol, que l'entreprise francilienne, malgré une marge estimée à 25% pour l'ensemble de l'année (29% pour Verallia). «[L]es bonnes performances [financières] ont permis au titre d'effectuer un rattrapage. Pour autant, la valorisation reste toujours extrêmement attractive sur la base de 5,6x l'EV/Ebitda estimé sur 2023 et 5,2x sur 2024 comparativement à 7,3x pour les références historiques (6,7x l'Ebit 2024 versus 12x pour les références historiques) soit une décote de 36% par rapport à l'historique», calcule Jean-François Granjon.«La décote par rapport aux comparables, même si elle s'est réduite, demeure excessive (20% et 30% versus Vidrala).»
L'avenir de Verallia est pourtant radieux. La croissance structurelle du marché du packaging en verre (+2% en moyenne annuelle) justifie l'arrivée de quatre à cinq fours par an pour répondre à la demande, selon la direction, qui a ainsi apaisé, lors du roadshow, les craintes de surcapacité, rapporte l'analyste. «Cela valide les investissements en cours avec quatre prochains fours d'ici à 2026 dont deux en Italie, un en Espagne et un au Brésil.» La progression du chiffre d'affaires sera essentiellement organique même si le verrier n'exclut pas de nouvelles acquisitions après celle, en novembre 2022 du britannique Allied Glass, spécialiste des bouteilles en verre premium, notamment pour le marché des spiritueux.
Le positionnement «résolument haut de gamme» de Verallia, «avec des barrières à l'entrée élevées et une industrie qui se veut rationnelle», est un autre élément qui plaît chez Oddo BHF, où l'on souligne par ailleurs que la politique de couverture contre la hausse des prix de l'énergie, certainement coûteuse au vu de son efficacité, n'est pas pénalisante dans le contexte actuel du coût de l'électricité qui reste élevé.
«Le principal challenge pour Verallia est la mise en œuvre d'une politique de décarbonation pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (-46% d'ici à 2030) qui passe entre autres par le développement de nouvelles technologies (fours électriques et hybrides au profit de l'électricité versus les énergies fossiles et le gaz)», conclut l'analyste.
L'une des priorités est « de produire des emballages en verre sains et durables tout en ayant la meilleure empreinte environnementale », explique l'entreprise sur son site Internet. « Bien que notre processus de production engendre des consommations d'énergies importantes, l'ensemble de nos équipes (industrielle, technique, recherche & développement, énergie, achat) innovent en permanence pour réduire notre impact environnemental. » Elle entend « renforcer la dimension circulaire des emballages en verre en maximisant l'intégration du calcin dans ses processus de production : Verallia vise ainsi en 2025 un taux de calcin utilisé dans sa production de 59% contre 49% aujourd'hui », indiquait-elle en 2021. Le calcin fond à une température plus basse que le sable, ce qui implique une intensité énergétique plus faible.
Dans le courant 2024, Verallia tiendra une journée investisseurs afin de communiquer sur sa nouvelle feuille de route. Le plan 2022-2024, celui qui court toujours, avait comme objectif une marge d'Ebitda de 28 à 30%. Objectif atteint.
Le marché de Verallia est structurellement porteur. La Fédération européenne de l'industrie du verre (Feve) estime que la demande d'emballages en verre en Europe devrait augmenter de 2 à 3% par an. Nous sommes acheteurs pour viser 52 euros.
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