Malgré le retrait des USA de l'accord de Paris, les obligations vertes ont la cote sur les marchés
Depuis leur émergence, en 2007, sur le marché, les obligations dites « vertes » attirent de plus en plus les émetteurs et les investisseurs.
Apple a marqué un grand coup en éméttant une obligation verte malgré la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris. En parrallèle, la tenue de la conférence annuelle des Green Bond Principles (GBP) et le lancement de l’initiative « Finance for Tomorrow » à Paris témoignent de l’essor de ce marché pourtant encore émergent**.
Ces titres obligataires sont porteurs de nombreuses promesses d’avenir alors qu’on y voit le moyen de financer l’immense chantier de la transition énergétique. La taille du marché des Green Bonds** ne représente pourtant qu’une infime fraction du marché obligataire global.
Par ailleurs, faute d’un effort d’harmonisation suffisant dans la qualification et l’évaluation de l’éventail des titres qui s’y échangent, ce marché demeure toujours source de grandes incertitudes.
Des clarifications à apporter
Ces incertitudes sont liées au manque de définition sur ce qu’est un actif « vert » et de ce qui ne l’est pas. Les GBP de l’International Capital Market Association (ICMA), la référence majeure sur le marché, ne fournissent actuellement qu’un cadre conceptuel indicatif pour l’émission des Green, Social et Sustainability Bonds qui ne s’impose que par libre-adhésion sans arrêter de définition du Green.
Cette absence de définition offre aux émetteurs la liberté de mettre en place leur propre méthodologie pour qualifier de « vertes » leurs émissions obligataires, ce qui génère de l’incertitude et fait émerger des incohérences. L’émission d’une Green Bond de 500 millions de dollars en 2017 par Repsol, retirée récemment du Barclays-MSCI Green Bond Index, en est un bon exemple.
Face à cet enjeu de qualification, de nombreux acteurs du marché, relayés par l’ONG WWF, réclament des normes "fiables, crédibles, suffisamment précises et largement acceptées " .
Toutefois, « si l’harmonisation est désirable et envisageable, une uniformisation totale est inatteignable » estime Anna Creed, en charge de la définition des critères de la Climate Bonds Initiative. Cette réserve tient au rôle clé des organismes de contrôle et d’évaluation.
Notamment, afin de certifier l’authenticité des titres « verts », les analystes conduisent des « external reviews » visant à évaluer le caractère vert (« greenness ») des projets financés ainsi que la transparence de l’allocation des fonds récoltés. Cependant, la divergence dans des méthodologies appliquées et le risque accru des conflits d’intérêt suscitent de nombreuses interrogations sur la crédibilité de ces analyses. Plus de transparence dans la répartition des rôles serait bienvenue.
Enfin, la qualification d’un titre « vert » par son émetteur et son évaluation par un analyste représentent un coût de conformité qui s’ajoute au prix de base du titre en question. Cela vient limiter son attrait financier et l’affaiblir par rapport à des titres « brown » de niveau de risque équivalent. Se pose alors la question de l’opportunité des « green bonds ».
Sur ce sujet, des solutions émergent : à titre d'exemple, la Fédération Bancaire Française propose la mise en place du « Green Supporting Factor », qui se traduirait par des exigences moindres en termes de mobilisation de capital pour les financements et investissements dans les actifs « verts ».
Toutefois, les signaux économiques restent encore faibles pour assurer une véritable structuration du marché.
Quelle réponse aux enjeux ?
Dans cette phase de maturité, l’essor des green bonds appelle à une stabilisation et un approfondissement des pratiques tant du côté de la qualification des titres verts que du côté de leur évaluation.
Consciente de ces attentes, EthiFinance élabore actuellement une solution méthodologique adaptée d’analyse des émissions de green bonds.
EthiFinance intègre dans son approche les standards des GBP mais souhaite l’étoffer en s’appuyant sur son expertise de plus de 14 ans dans l’analyse extra-financière des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) et sur celle de son partenaire Spread Research dans l’évaluation financière des obligations. Il ne s’agit pas, compte tenu du niveau de maturité actuel du marché, de chercher à définir ce qui est vert mais à guider, au mieux, les émetteurs et les investisseurs pour contribuer à la structuration du marché afin de renforcer les green bonds dans leur mission d’assurer le financement de la transition énergétique.
Liudmila Strakodonskaya et Joseph Callies
EthiFinance : www.ethifinance.com
Références :
* Rapport « Green bonds : Mobilising the debt capital markets for a low-carbon transition », OCDE, Décembre 2015
** Total d’émissions de green bonds : $81.0bn en 2016 (Climate Bonds Initiative). L'estimation préliminaire de HSBC pour 2017 s'élève à USD120 milliards, Moody's est d'environ USD200bn et la prévision de la CBI est USD150bn.
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