* Vaste révision de la composition des indices sectoriels de MSCI * Télécoms, techs et consommation discrétionnaire impactés * Facebook et Google classés dans les "services de communication" * Le marché redoute une forte volatilité sur les titres concernés * ENCADRE - Des impacts à prévoir aussi en Europe par Noel Randewich et Chuck Mikolajczak SAN FRANCISCO/NEW YORK, 6 juin (Reuters) - La volatilité risque de revenir en force après l'été à Wall Street mais pas pour les mêmes raisons que celles qui ont déclenché la brusque correction des indices en février. Le coupable sera cette fois la plus importante révision de la composition des indices sectoriels de MSCI qui verra certaines des valeurs les plus en vue comme Facebook FB.O et Alphabet GOOGL.O sortir du secteur des technologiques, moteur de la hausse du marché, pour rejoindre les valeurs des médias et des télécommunications, aux performances moins spectaculaires. La vaste recomposition de la nomenclature sectorielle, ou Global Industry Classification Standard (GICS), implique que les fonds indexés sur les indices sectoriels des télécoms, des technologiques ou des valeurs de consommation discrétionnaire devront réaligner leurs portefeuilles, entraînant des milliards de dollars d'arbitrage d'ici au 28 septembre, date d'entrée en vigueur de la nouvelle classification. Afin de préparer une transition en douceur, Vanguard Group, l'une des premières sociétés de gestion américaines, a déjà commencé à ajuster les portefeuilles de ses fonds indiciels (ETF) tandis que son grand rival State Street Global Advisors lance un fond entièrement nouveau. Certains investisseurs redoutent de brusques décalages de cours et une pagaille dans les salles de marché si des ventes massives de dernières minutes d'actions Facebook ou Alphabet par des fonds technologiques ne devaient rencontrer qu'une faible demande des quelques fonds dédiés aux télécoms. "Le marché sera probablement vendeur net", estime Andrew Bodner, président de Double Diamond Investment Group. "Cela sera temporaire et pourrait représenter une bonne occasion pour acheter beaucoup de ces titres." Tenue à jour depuis 1999 par les fournisseurs d'indices S&P Dow Jones Indices et MSCI et très utilisée par les gérants de fonds comme référence, la classification GICS répartit les valeurs entre 11 grands secteurs. Le plus récent, celui des valeurs immobilières, a été créé en 2016 en sortant les valeurs correspondantes du secteur des financières. Les changements à venir, qui doivent encore être finalisés, visent à refléter l'évolution de la structure de certains secteurs d'activité. Ainsi Facebook et Alphabet passeront du secteur des technologies de l'information à un secteur élargi des services de télécommunication rebaptisé "services de communication" où ils rejoindront des valeurs comme AT&T T.N ou Verizon Communications VZ.N . Des poids lourds de la consommation discrétionnaire - par opposition aux dépenses de consommation dites contraintes - comme Walt Disney DIS.N , Comcast CMCSA.O , Netflix NFLX.O et d'autres se retrouveront aussi dans un nouveau secteur, ce qui affectera les gérants et des investisseurs de fonds sectoriels dans lesquels ces valeurs sont présentes. "Le fait d'adopter une approche liée à la nature du chiffre d'affaires paraît avoir du sens. Facebook et Alphabet sont des sociétés internet mais la quasi-totalité de leur chiffre d'affaires provient de recettes publicitaires", explique Hervé Samour-Cachian, gérant du fonds Ecureuil Technologies chez Ostrum AM. "Derrière cela, il y a probablement une volonté implicite de faire remonter artificiellement l'historique des performances et les perspectives du nouveau secteur qui englobera les télécoms. En incluant des valeurs comme Facebook et Alphabet, on redonne du tonus et une dynamique bénéficiaire positive à un secteur qui était devenu très petit". Les valeurs des "services de communication" représenteront ainsi 10% de la capitalisation boursière du S&P 500 alors que le secteur des télécoms .SPLRCL ne pèse pas plus de 2% de l'indice actuellement. Les actifs sous gestion des fonds indiciels du secteur des sciences et des technologies atteignent 78 milliards de dollars et nombre de ces fonds devront vendre leurs actions Alphabet et Facebook avec la mise en oeuvre de la nouvelle nomenclature, montrent des données de Thomson Reuters Lipper. Les fonds indiciels spécialisés sur les télécoms ont de leur côté environ 4 milliards de dollars d'actifs sous gestion et devront acheter des actions Facebook ou Alphabet tout en vendant une partie de leurs investissements dans des valeurs comme AT&T, Verizon et d'autres valeurs entrant dans la composition de leur portefeuille pour faire de la place aux nouveaux arrivants, des arbitrages qui entraîneront une hausse des volumes et de la volatilité s'ils ne sont pas suffisamment planifiés. "Les valeurs négocieront sans rapport direct avec leurs fondamentaux simplement du fait des pressions à l'achat et à la vente qui interviendront", souligne Todd Rosenbluth, directeur des fonds indiciels cotés et des OPCVM chez CFRA. La refonte risque aussi de compliquer l'analyse de la performance des fonds et de provoquer des ruptures dans les statistiques sur certaines données agrégées comme les multiples de valorisation ou la croissance des bénéfices sectoriels. A titre d'illustration, le rendement du dividende du secteur des télécoms, actuellement de plus de 5%, pourrait tomber à 1%. "Ces changements ont complètement bouleversé les diagrammes en camembert (représentant les pondérations des secteurs ou des valeurs dans un secteur, NDLR) et les investisseurs doivent s'assurer qu'ils en ont bien pris connaissance avant leur entrée en vigueur", prévient Matthew Bartolini, responsable de la recherche sur les fonds indiciels cotés américains chez State Street Global Advisors. Andrew Stewart, gérant chez Exchange Capital Management, explique que ce spécialiste de la gestion privée est en train de passer en revue les portefeuilles de ses clients qui contiennent des ETFs pour identifier ceux qui seront les plus concernés par les changements à venir. Il examine en particulier les conséquences en termes d'imposition des plus-values que le rééquilibrage de certains portefeuilles pourrait avoir. "Les grands pontes du GICS ont pris une décision très rationnelle sur le plan académique de refondre ces secteurs, mais je ne pense pas que leur système tienne beaucoup compte des contraintes des plan d'épargne-retraite de Madame Tout-le- monde", résume Andrew Stewart. Pour Ivan Cajic, responsable de la recherche indicielle chez ITG, la plupart des gérants indiciels attendront l'entrée en vigueur des changements pour réajuster leurs portefeuilles afin de rester aussi proches que possible de leurs indices de référence, au risque d'amplifier les mouvements de dernière minute. Afin d'éviter ces arbitrages ultimes trop importants, Vanguard a indexé ses ETF sur les secteurs des technologies, des télécommunications et de la consommation discrétionnaire sur des indices temporaires ajustant graduellement les portefeuilles sur une période de quatre mois. Selon Bank of America, cela devrait aider à minimiser l'impact des changements de classification sur les valeurs concernées, même si les titres les plus détenus par les fonds indiciels connaîtront un risque de volatilité accrue. "La liquidité sur Facebook et Alphabet est telle que cela ne devrait pas poser de problèmes", estime pour sa part Hervé Samour-Cachian. Pour ce gérant actif, qui base la construction de son portefeuille sur une conviction d'investissement à long terme, le changement de classification ne devrait pas avoir d'impact sur sa gestion. "L'aspect benchmark est secondaire. Si j'ai une forte conviction sur une valeur, le fonds investira durablement dessus même si des risques de volatilités passagères existent", indique-t-il. Bank of America estime toutefois que les arbitrages des gérants actifs pourraient être défavorables aux valeurs télécoms. "Certains fonds ne seront plus obligés de détenir (ou choisiront de ne plus détenir) ces titres et pourraient à la place acheter d'autres valeurs dans le nouveau secteur pour atteindre la pondération désirée", expliquent les analystes de la banque américaine. A plus long terme, les valeurs télécoms pourraient toutefois bénéficier des flux d'investissement des fonds indiciels qui investiront sur le secteur dans son ensemble. Voir aussi : ENCADRÉ - Le Big Bang de MSCI sur les indices aura aussi un impact en Europe <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ Current S&P 500 sector weights https://reut.rs/2LkGdax S&P 500 sector weights after GICS changes https://reut.rs/2LkWhJm Technology dominates among U.S. sector ETFs https://reut.rs/2LgQnZG Current S&P 500 Telecom Sector https://reut.rs/2Jsmpoo S&P 500 communications sector components after GICS changes https://reut.rs/2JsqF7m ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Avec Blandine Hénault et Marc Joanny pour le service français, édité par Patrick Vignal)
Wall Street promise à plus de volatilité avec la revue des indices
information fournie par Reuters 06/06/2018 à 14:36
196,11 USD | NASDAQ | +0,76% | |
22,96 USD | NYSE | +0,50% | |
38,40 USD | NASDAQ | +1,11% | |
607,75 USD | NASDAQ | +1,32% | |
932,12 USD | NASDAQ | +2,27% | |
39,81 USD | NYSE | -0,33% | |
112,65 USD | NYSE | +1,10% |
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