En novembre 2024, Valdunes Industries a vu son activité relancée, enregistrant 4 millions d’euros de commandes pour le marché ferroviaire. Un succès qui semble conforter le groupe Europlasma, repreneur de la société, dans la diversification de ses activités. Son PDG, Jérôme Garnache-Creuillot, nous explique ses choix industriels et financiers.
Au printemps dernier, vous avez repris Valdunes, spécialisée dans la fabrication de roues de train, dont les installations vous permettront également de travailler pour l’industrie de défense. Comment avez-vous financé ce nouvel investissement ?
Quand nous avons repris Valdunes au tribunal de commerce, nous savions que nous devrions opter pour des modes de financement alternatifs, en dehors des formats bancaires traditionnels. La réglementation bancaire, transposition d’un ensemble de directives européennes, impose aux banquiers, lorsque qu’une entreprise a été placée en redressement judiciaire, une mobilisation de fonds propres dans des proportions telles que cela renchérit le crédit au point qu’il devient impossible d’emprunter.
Nous avons donc utilisé le même schéma de refinancement que lors de la reprise d’Europlasma en 2019 et de celle des Forges de Tarbes en 2021, en optant pour un refinancement par OCABSA (obligations convertibles en actions avec bons de souscription d’actions), certes dilutif mais qui constitue la seule voie pour permettre le retournement d’une entreprise comme Valdunes. La perte inhérente à la dilution ne peut être compensée que par une création de valeur équivalente dans le même moment. Or, dans l’industrie, le retournement d’une société en grande difficulté prend du temps.
La réalité est crue. Sans ce refinancement alternatif obtenu auprès de notre partenaire financier, les Forges de Tarbes n’existeraient plus, alors qu’aujourd’hui, elles tournent à plein régime et sont même devenues un élément constitutif très important – voire stratégique – de la BITD française. Il en va de même pour Valdunes et son savoir-faire qui garantit à la France la pérennité d’une activité essentielle dans le secteur ferroviaire. À l’heure de la mobilité verte et de la décarbonation de l’économie, c’est crucial puisque nous serons en mesure de satisfaire, en France, la demande industrielle française d’un transport à faible émission de CO2 conférant à ses utilisateurs un avantage compétitif certain. Notre projet de préserver notre souveraineté industrielle dans un secteur clé fonctionne.
Les difficultés de financement sont-elles encore un frein à votre développement aujourd’hui ?
En sa qualité de holding, Europlasma a réussi à intégrer les Forges de Tarbes, Satma et Valdunes, grâce à ces modes de financement. Proportionnellement, nous consommons de moins en moins d’OCABSA. Quand nous avons repris Europlasma en 2019, le rythme de refinancement était supérieur à 1 million d’euros par mois. Aujourd’hui, nous sommes très en-dessous alors que le nombre des activités a triplé. Certaines d’ailleurs n’ont plus besoin de la liquidité procurée par les OCABSA.
En effet, des pans entiers du groupe passent au vert. Les activités du secteur de la Défense et la fabrication de CSR (combustibles solides de récupération) fonctionnent très bien. Nous allons déployer des activités de Défense dans le Nord, ce qui va nous permettre d’endosser des investissements importants et d’augmenter très rapidement et très sensiblement notre chiffre d’affaires. À terme, la bonne santé des filières d’Europlasma devrait rapidement permettre au groupe de s’affranchir des OCABSA.
Quels sont les principaux défis stratégiques auxquels vous êtes désormais confrontés ?
Chez Valdunes par exemple, nous avons fondé notre reprise sur des éléments très tangibles de rationalisation de l’activité historique et de diversification dans la Défense. Avec la forge, nous avons acquis un outil industriel capable de produire des pièces parmi les plus compliquées de la planète, en mettant de côté le secteur nucléaire. Nous fabriquons des roues de train de passagers à grande vitesse, l’excellence est de mise pour des raisons de sécurité. Notre outil industriel ne va certes pas très vite, mais il est robuste et opéré par des techniciens d’excellence.
Maintenant, il faut investir pour développer cette activité parce que nous disposons de tout : le savoir-faire, les connaissances et les salariés. Notre problème majeur pour accélérer nos activités et augmenter notre capacité de production, ce sont les ressources humaines.