NANOBIOTIX : Effacé comme d habitude cancer colorectal MSI

dams94

19 sept. 2022 •15:10

Il nest pas fréquent que le public des congrès médicaux applaudisse au milieu dune présentation. Cest pourtant ce qui sest passé la semaine dernière lors du congrès international de cancérologie (Esmo), à Paris. La chercheuse Myriam Chalabi, de lInstitut de cancérologie des Pays-Bas à Amsterdam, y présentait les résultats dun essai de phase III (le plus pertinent pour statuer sur lutilité dun traitement) sur lintérêt de limmunothérapie avant la chirurgie chez un sous-type particulier de patients atteints de cancer colorectal. «Inédit», «exceptionnel», les qualificatifs dithyrambiques des commentateurs ne sont pas si fréquemment utilisés que cela en oncologie.
Les patients concernés présentent une tumeur très instable génétiquement, dite MSI, pour instabilité du microsatellite. Cette anomalie est détectée en routine à laide dun test lors de la biopsie de diagnostic (réalisé sur un morceau de tumeur prélevé pendant la chirurgie). Elle est présente chez 10 % à 15 % des malades à un stade localisé. Du fait de leurs nombreuses mutations, ces tumeurs produisent beaucoup dantigènes qui les rendent très sensibles à limmunothérapie.
Lessai, qui impliquait 112 patients, a donc consisté à soumettre des patients avec un cancer colorectal MSI localisé à une immunothérapie (nivolumab et ipilimumab) pendant environ 5 semaines avant lopération chirurgicale de retrait de la tumeur. Actuellement, la prise en charge standard consiste à opérer directement, en complétant selon le stade de la tumeur avec une chimiothérapie.
Les résultats sont spectaculaires: au décours de lopération, il a été observé que 95 % des patients avaient moins de 10 % de cellules tumorales viables (autrement dit, la très grande majorité de leur tumeur était morte) ; 67 % navaient plus aucune cellule tumorale viable. Mieux encore, 13 mois après lintervention, aucun patient navait vu son cancer revenir, alors que le taux de rechute chez ces malades oscille dordinaire entre 20 % et 40 % à 3 ans. Par ailleurs, le traitement était bien toléré. Il faut néanmoins encore attendre la fin de lessai, prévu pour durer 3 ans, pour vérifier que les 67 % de patients ayant eu une réponse complète nont pas rechuté et que, parmi les 28 % de patients ayant eu une réponse majeure mais pas complète, le taux de guérison augmente à lissue de la chirurgie