Trouver le bon équilibre entre croissance et rentabilité peut nécessiter des ajustements. Comme lorsque Solutions 30 a abaissé il y a un peu moins de deux mois son objectif de chiffre d’affaires pour 2024 dans le souci de privilégier les marges sur les volumes dans les télécoms en France et en Espagne. De fait, les comptes semestriels publiés mercredi par le fournisseur de services d'assistance numérique illustrent à la fois l’atonie des ventes et la poursuite du redressement de la profitabilité.
Ainsi, quand le chiffre d’affaires des six premiers mois de l’année (connu depuis fin juillet) est demeuré stable (-0,3%) à 517,4 millions d’euros, l’excédent brut d’exploitation ou Ebitda a, lui, progressé de 37,4%, s’élevant à 37,7 millions d’euros, la marge d’Ebitda se hissant à 7,3%. Soit 200 points de base de plus que les 5,3% d’il y un an.
Le niveau s’inscrit toutefois en retrait des 8,7% atteints au second semestre 2023. La raison ? En particulier, "l’impact plus fort qu’escompté dans nos estimations de la situation de marché en Belgique […], pénalisée par la volonté des acteurs de la fibre de rationaliser les investissements de déploiement", observent les analystes de TP ICAP Midcap.
La rentabilité progresse partout
Il n’en demeure pas moins que la progression de l’Ebitda est significative et concerne les trois grandes zones géographiques où opère le groupe. Au Benelux, premier marché de Solutions 30 avec un chiffre d’affaires de 196,8 millions d’euros, en croissance de 9,3%, la marge a atteint 10% tout rond, 30 points de base de plus qu’au premier semestre 2023.
En France, où le chiffre d’affaires a reculé de 5,5%, à 188,4 millions d’euros, cette même marge a grimpé à 9,2%, contre 7,9% un an plus tôt. Des évolutions qui reflètent ce qui se joue dans l’Hexagone, où le groupe a fait le choix d’une plus grande sélectivité des contrats face à un déploiement de la fibre et de l’installation des compteurs électriques Linky de nouvelle génération arrivé à maturité, que la montée en puissance des activités liées à la transition énergétique ne compense pas encore. Bien que celle-ci soit forte : l’activité Energy a affiché une croissance de 57,6% au premier semestre.
Dans les "autres pays", où, hormis en Espagne, le déploiement de la fibre est moins avancé qu’en France, le groupe s’attache, comme au Benelux, à dupliquer le modèle qui lui a réussi. L’Allemagne en particulier se distingue avec une croissance de 24,8 %, tirée par la montée en charge des activités fibres, et s’impose progressivement comme un puissant relais de croissance. Côté rentabilité, le pays contribue d’ores et déjà positivement à la marge de la société qui souligne son "bon positionnement" sur ce marché local aux "excellents fondamentaux".
Les 6,5 millions d’euros d’Ebitda dégagés par l’ensemble des "autres pays" - qui comprennent, outre l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, et la Pologne - au premier semestre se comparent à la perte de 0,8 million d’euros de la même période un an plus tôt. Et la marge correspondante s’établit à 4,9 %, en net rebond par rapport au premier semestre 2023 (-0,6%).
Structure financière "maîtrisée"
Grâce à ce redressement opérationnel, la perte nette a été réduite de moitié à 5,9 millions d’euros. "De même, la structure financière est maîtrisée malgré une saisonnalité traditionnellement défavorable", notent également les analystes de TP ICAP Midcap. Le cash-flow libre, habituellement négatif au premier semestre, s’est amélioré nettement, passé de -32,4 millions d’euros au premier semestre 2023 à à -6,3 millions d’euros. Il profite du renforcement de la discipline financière et de l’effet positif de l’expansion en Allemagne sur la génération de trésorerie.
Il reste, au vu d’un cours de Bourse au plus bas depuis 2015, que les investisseurs s’interrogent sur la capacité du modèle économique à retrouver durablement le chemin de la croissance, sans nuire à une rentabilité redevenue satisfaisante. Le Capital Markets Day organisé par le groupe dans une semaine exactement, le 26 septembre, devrait leur apporter des réponses