Soitec, un fabricant français de matériaux semi-conducteurs, a fait l'objet d'un examen minutieux de la Commission européenne pour des échanges "potentiels" d'"informations commercialement sensibles" non divulguées avec des licenciés, a appris MLex.
La commission a envoyé des demandes d'informations formelles dans le cadre d'une enquête initiale visant à déterminer si Soitec a échangé des informations sensibles avec ses titulaires de licence Shin-Etsu Handotai, GlobalWafers et Shanghai Simgui Technology Co Ltd, basés respectivement au Japon, à Taiwan et en Chine, a-t-on appris de MLex. .
Les questionnaires de l'organisme de surveillance antitrust, envoyés en octobre 2023, n'ont pas été révélés auparavant. Soitec et la commission n'ont fait aucun commentaire. Les trois titulaires n'ont pas pu être contactés pour commenter.
Soitec, basée à Bernin, dans le sud-est de la France, répertorie les trois sociétés comme titulaires de licence sur son site Internet. Il est partenaire de Shin-Etsu Handotai depuis 1997, de SunEdison (racheté par GlobalWafers) depuis 2014 et de Simgui depuis 2014.
L'enquête initiale intervient alors que la commission révise les règles qui accordent l'immunité antitrust à certains accords dans lesquels des entreprises détenant des droits de propriété intellectuelle concèdent sous licence leur technologie à une autre entreprise. En vertu de ces accords, une entreprise autorise une autre à utiliser certains droits technologiques, tels que les brevets et les droits d'auteur sur les logiciels, pour produire des biens ou des services. Les règles actuelles expireront le 30 avril 2026 (voir ici).
La commission pourrait ouvrir une enquête formelle sur Soitec et les titulaires de permis si elle détermine qu'ils ont partagé des informations sensibles. S’il détermine que de tels échanges ont existé, cela constituerait une violation des règles antitrust de l’UE qui interdisent aux entreprises de coopérer entre elles. Les entreprises peuvent être confrontées à des amendes allant jusqu'à 10 % de leurs ventes mondiales en cas de violation du droit de la concurrence, et pourraient être exposées à des poursuites en dommages-intérêts.
La coordination entre les entreprises pourrait inclure des changements planifiés dans la capacité de production et d'approvisionnement, l'état des stocks ou le calendrier d'introduction de nouvelles technologies de production. La commission n'a pas précisé les échanges potentiels dans sa lettre d'accompagnement des demandes d'informations.
Soitec achète des tranches de silicium auprès de fabricants de silicium qui découpent le matériau en tranches de silicium brut. Soitec utilise ensuite sa technologie, connue sous le nom de Smart Cut, pour insérer une couche isolante entre deux couches d'oxyde de silicium, créant ainsi des plaquettes de silicium sur isolant. Elle vend ensuite ces plaquettes aux fabricants de puces.
Soitec affirme que ses technologies contribuent à améliorer les performances et l'efficacité énergétique des appareils électroniques et qu'elle fournit des matériaux pour les marchés du mobile, de l'automobile, de l'Internet des objets et de l'intelligence artificielle.
La société affirme disposer de plus de 4 000 brevets et sites enregistrés en Europe, aux États-Unis et en Asie. En novembre dernier, Soitec a annoncé un chiffre d'affaires de 401 millions d'euros (environ 437 millions de dollars) au premier semestre de l'exercice 2023-2024, en baisse de 15 % par rapport à la même période de l'année précédente.