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La dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président de la République au lendemain des élections européennes crée une période d'instabilité politique majeure. Les politiques économiques qui pourraient être menées au second semestre 2024 et les années suivantes pourraient créer une rupture et du stress sur les marchés.
Notre propos n'est évidemment pas de commenter ou de faire une mesure des programmes économiques des partis qui s'affrontent, mais de revenir sur 4 points clés.
1/ L'incertitude est le plus grand ennemi des marchés
Par construction, la valeur de toute action est fondée sur une promesse de flux futurs. L'incertitude qui caractérise ces flux est matérialisée par la prime de risque, dont le niveau représente les 2/3 environ de la rentabilité attendue… L'incertitude politique réduit la visibilité sur l'activité (les entreprises reportent toute décision d'investissement ou d'embauche, les ménages baissent leur consommation) et sur les coûts des entreprises, notamment salariaux.
La période d'incertitude politique pourrait durer des mois, et peut être des années : sans majorité claire, aucun gouvernement ne pourra être constitué. Comme en Italie, ou en Belgique, un gouvernement « technique » pourrait expédier les affaires courantes, dans une ambiance de crise permanente entre l'Elysée et Matignon. Il s'agirait bien d'une crise de régime, qui pourrait remettre en cause le principe même d'une reprise économique en 2024.
2/ L'économie française a besoin d'une politique d'offre, pas d'une politique de demande
Le parallèle avec 1981 peut être réalisé. En 1981, l'accession au pouvoir des partis qui servaient de repoussoir, s'est traduit par une hausse rapide et importante des déficits extérieurs et budgétaires, car l'économie française ne pouvait pas répondre à la demande. C'est le même cas aujourd'hui. Sauf que le déficit budgétaire atteint déjà 5,5 % du PIB, soit 2 fois plus que le niveau de 1981-1982 ! Et que la France est sous le coup d'une procédure pour déficit excessif…
Source : Factset, Phiadvisor Valquant
Bien plus que de distribuer du pouvoir d'achat, qui se traduira par une hausse des déficits, l'économie française a besoin d'investissement, pour, à terme, mieux répondre à la demande. Ces investissements doivent porter sur la formation, sur la décarbonation, sur la défense nationale, sur l'Intelligence Artificielle, etc… : les besoins sont considérables.
3/ L'euro nous protège d'une crise de change, pas d'une hausse des taux souverains
Notre pays a bénéficié jusque maintenant sur ses emprunts d'Etat, d'une prime limitée à 50 pb vs l'Allemagne, alors que l'Espagne et l'Italie subissent des primes 2 à 3 fois supérieures… L'épisode actuel, en démontrant l'incapacité du personnel politique à simplement envisager une baisse du déficit et une réduction de l'endettement, pourrait catalyser une prise de conscience sur le marché de la dette. La France pourrait ainsi intégrer le groupe des pays dit du « Club Med » et connaitre un doublement voire un triplement de son écart de taux avec l'Allemagne….
Source : Factset, Phiadvisor Valquant
4/ Les grands groupes dépendent peu de la situation économique et politique
La situation des entreprises française est florissante : leurs marges nettes après impôt sont au plus haut historique. C'est à la fois rassurant mais cela peut constituer aussi une tentation pour les politiques.
Source : Factset, Phiadvisor Valquant
Des taxes spéciales ont ainsi été levées sur les entreprises bancaires ou pétrolières en Italie et en Espagne. Mais il faut aussi rappeler que les entreprises du CAC 40 réalisent 15% de leurs ventes en France, contre près de 21% aux USA …La sélectivité doit être de mise, et il faut choisir parmi les actions françaises celles qui sont le plus exposées au $ (en cas de baisse profonde de l'€) et sont le moins endettées (en cas de forte hausse de l'écart de taux avec l'Allemagne) : Essilorluxottica et Publicis, par exemple. A l'opposé, il faut éviter les actions insensibles au $ et endettées (Eiffage et Getlink par exemple).
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