
(Crédits photo : Flickr - Anieszka Kubilus )
Les fonds activistes ont récemment fait parler d'eux avec l'éviction d'Emmanuel Faber qui a dû laisser sa place à la tête du groupe Danone. Comment des fonds d'investissement peuvent-ils bouleverser la gouvernance de grands groupes ? Que sont ces fonds activistes et quelles conséquences leur montée au capital peut-elle avoir sur les sociétés ciblées ? S'agit-il d'une bonne ou mauvaise chose pour l'actionnaire ? Découvrez dans cet article ce qu'est un fonds activiste, quels impacts ces derniers peuvent avoir sur les sociétés cotées dont ils prennent des parts et notre décryptage de l'affaire Danone.
Qu'est-ce qu'un fonds activiste ?
Les fonds activistes sont des fonds d'investissement qui vont spécifiquement viser des sociétés dont ils pensent que quelques ajustements dans l'organisation et/ou le management permettront de booster les résultats de l'entreprise rapidement. Ils montent donc au capital de société dont ils anticipent qu'un plan d'économies permettra une croissance des bénéfices.
Les fonds activistes sont donc des fonds d'investissement spéculatifs qui ont pour objectif de modifier profondément l'organisation et/ou le fonctionnement d'une société afin d'en améliorer sa profitabilité sur le court-terme et donc de réaliser une plus-value rapide en revendant les titres plus chers que le fonds ne les a acquis avant les bouleversements impulsés au sein de l'entreprise.
À noter : même avec une participation très minoritaire au capital, les fonds activistes peuvent avoir un retentissement considérable sur la gouvernance du groupe.
Fonds activistes : bonne ou mauvaise chose pour l'actionnaire ?
À première vue, on pourrait penser que l'intervention d'un fonds activiste est une bonne chose pour l'actionnaire. Voir une entreprise dont on détient des titres être la cible d'un fonds activiste, le plus souvent, impliquera une modification de l'organisation, voire des objectifs et de la vision de l'entreprise, entraînera une croissance des bénéfices, croissance qui ne manquera pas de se traduire assez rapidement par une hausse du prix de l'action.
Cependant, il faut bien garder à l'esprit que les fonds activistes ont une vision court-termiste et souhaitent faire grimper les cours rapidement pour empocher une plus-value le plus vite possible, ce qui n'est pas forcément (loin de là) synonyme de création de valeur sur le long-terme pour l'entreprise. Les économies ne doivent surtout pas entraîner une baisse de la qualité de l'offre de produits ou services, ou bien la situation sera particulièrement dommageable pour l'actionnaire moyen-long terme.
plus, les remous liés aux mouvements sociaux induits par des plans d'économie peuvent également pénaliser l'entreprise. Et c'est bien compréhensible. Si les vagues de licenciement massives sont parfaitement justifiées dès lors que l'entreprise est en grande difficulté financière, ils deviennent beaucoup plus contestables lorsque le seul but est d'augmenter la profitabilité de quelques points ou de faire grossir les dividendes de quelques euros.
L'arrivée d'un fonds activiste au capital d'une entreprise peut toutefois être une très bonne nouvelle si l'entreprise est très mal gérée.
Fonds activistes : Danone, un cas d'école offert par l'actualité
Emmanuel Faber, ex-PDG de Danone, a été évincé de la direction du célèbre groupe agro-alimentaire en mars 2021, après une fronde des actionnaires menée depuis plusieurs mois par les fonds activistes Bluebell Capital Partners et Artisan Partners qui déploraient les mauvaises performances de la société comparées à celles de ses concurrents Unilever ou Nestlé. Dans un premier temps, une dissociation des fonctions entre président et directeur général a été opérée et Emmanuel Faber a conservé la présidence du groupe tandis que Gilles Schnepp, ancien PDG du groupe Legrand, était nommé Directeur Général. Cependant, les fonds activistes se sont vite opposés à cette mesure et Emmanuel Faber a finalement dû quitter le groupe, Gilles Schnepp lui succédant. Les changements à la tête de la société ont été très rapides puisque les attaques de Bluebell Capital Partners à l'encontre de la gouvernance d'Emmanuel Faber ont débuté mi-janvier 2021 et qu'Artisan Partners a suivi le mouvement quelques jours plus tard seulement. En moins de deux mois donc, le PDG a été débarqué, remplacé par un profil prêtant un peu moins d'importance à la responsabilité sociale des entreprises et un peu plus aux résultats financiers.
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