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L'UE peine à amener Trump à la table des négociations sur les droits de douane
information fournie par Reuters 19/03/2025 à 18:46

par Philip Blenkinsop

Sabine Weyand a joué un rôle de premier plan dans les discussions sur le Brexit et a de l'expérience dans les négociations commerciales à travers le monde mais concernant les droits de douane américains, la directrice générale du Commerce de la Commission européenne reconnaît une difficulté majeure : l'objectif de Donald Trump reste un mystère.

"Bien sûr que c'est un problème", a déclaré la haute fonctionnaire allemande lors d'un événement organisé ce mois-ci.

Lorsque Donald Trump a été réélu pour un second mandat à la Maison blanche en novembre dernier, les responsables européens espéraient le dissuader de déclencher une guerre commerciale en faisant des concessions largement symboliques qui maintiendraient le commerce transatlantique, qui représente 1.600 milliards d'euros de biens et de services par an, en grande partie intact.

Deux mois après son retour à la Maison blanche, Donald Trump se montre peu enclin à négocier avec l'exécutif européen, qui est en charge des discussions commerciales au nom des Vingt-Sept.

Les droits de douane de 25% sur toutes les importations d'acier et d'aluminium décidés par le président américain Donald Trump sont entrés en vigueur la semaine dernière, ce qui a incité Bruxelles à annoncer une riposte concernant 26 milliards d'euros de produits américains, suivie à son tour par une menace américaine d'imposer des droits de douane de 200% sur les vins et spiritueux de l'UE.

Donald Trump a également promis d'imposer des droits de douane dits "réciproques" en avril.

Le président américain a déjà reçu plusieurs dirigeants européens à la Maison blanche, dont Emmanuel Macron, mais pas la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, signe qu'il préfère traiter avec les dirigeants d'autres pays plutôt qu'avec l'UE, dont il a dit qu'elle avait été créée pour "emmerder" les États-Unis.

"Il est clair que l'administration Trump préférerait ne pas s'engager du tout avec l'UE", a déclaré Aslak Berg, chargé de recherche au sein du groupe de réflexion Centre for European Reform (CER).

Selon Sabine Weyand, l'UE n'a pas fait d'offres détaillées à Washington sur les droits de douane parce que la justification américaine des menaces commerciales change constamment, ce qui rend difficile de répondre à ses plaintes.

"Le motif des droits de douane est-il la protection de la production nationale ? S'agit-il d'amener les pays à modifier certaines politiques ? S'agit-il d'attirer les investissements ? S'agit-il de remplacer l'impôt sur le revenu par des droits de douane ?", a-t-elle interrogé lors de l'événement.

Incapables de contourner complètement la Commission européenne en matière de commerce, les responsables américains ont rencontré le mois dernier à Washington Maros Sefcovic, le commissaire européen en charge de ce portefeuille.

Conscient du mécontentement de Donald Trump concernant le déficit commercial des États-Unis avec l'UE, Maros Sefcovic a suggéré que l'UE achète davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) américain lors de sa rencontre avec ses homologues américains il y a un mois.

Cependant, le commissaire européen au Commerce a déclaré la semaine dernière que Washington ne semblait pas vouloir parvenir à un accord et qu'il y avait "beaucoup de travail à faire".

À QUI S'ADRESSER ?

Les fonctionnaires américains insistent sur leur volonté de discuter avec l'UE, mais leurs plaintes vont au-delà des questions commerciales pour lesquelles la Commission est mandatée, et portent également sur les régimes de taxe sur la valeur ajoutée et les taxes imposées aux entreprises technologiques américaines en Europe.

Les objections américaines sur la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui s'applique dans plus de 170 pays, sont difficiles à traiter. Bruxelles fait valoir qu'elle est similaire à la taxe américaine sur les ventes et qu'il ne s'agit pas d'un droit de douane.

En outre, les taxes sont fixées par chaque État membre et ne peuvent être négociées par la Commission.

"Les demandes formulées sont d'une grande portée et manifestement irréalistes, car elles touchent au coeur de la souveraineté européenne et de l'autonomie réglementaire", souligne Aslak Berg, qui ajoute que les chances d'une négociation fructueuse à ce stade sont très minces.

Les conseillers de Donald Trump ne s'attendent pas non plus à ce que les négociations aboutissent à des résultats significatifs, invoquant la discorde entre les pays membres de l'UE.

Bruxelles se demande pour sa part à qui s'adresser pour parler de la politique commerciale américaine, qu'il s'agisse de Howard Lutnick, secrétaire au Commerce, de Jamieson Greer, représentant au Commerce, ou de Peter Navarro, le principal conseiller économique de Donald Trump.

Les responsables de l'UE affirment notamment qu'il est difficile de trouver des homologues américains plus bas dans la hiérarchie pour traiter ce dossier.

Les retards dans la validation des candidats aux départements du Commerce et du Trésor ont également entraîné des retards dans les négociations, ont déclaré des sources proches du dossier.

Ryan Majerus, ancien haut fonctionnaire au Commerce, a laissé toutefois entendre que l'Europe pouvait encore limiter les dégâts, notamment en achetant davantage de produits agricoles américains ou en réduisant les taxes sur les entreprises technologiques américaines.

"Je pense qu'il y a un potentiel ici. Je pense qu'il y a la capacité, l'opportunité de progresser (...) peut-être sur des parties spécifiques, plutôt que sur l'ensemble", a-t-il déclaré.

(Reportage Philip Blenkinsop, avec la contribution d'Andrea Shalal et David Lawder à Washington ; version française Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)

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