
Des piétons passent devant une affiche de l'homme d'affaires ivoirien Tidjane Thiam à Abidjan le 16 avril 2025 alors que le principal parti d'opposition, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), s'apprête à le désigner comme candidat à l'élection présidentielle d'octobre 2025 ( AFP / Issouf SANOGO )
La course à la présidentielle s'accélère en Côte d'Ivoire à six mois du scrutin: Tidjane Thiam, ancien ministre et banquier international, devait être élu candidat du principal parti d'opposition, lors d'une convention mercredi à laquelle il était le seul à se présenter.
Les résultats devaient être proclamés dans la soirée, même si le suspense est quasiment nul, M. Thiam étant l'unique candidat. Mais la proclamation a été repoussée à jeudi 16H00 (même heure GMT).
La mobilisation constitue l'enjeu principal.
M. Thiam, actuellement hors du pays, est bousculé par une polémique sur sa nationalité. Plus largement, des tensions émergent dans le paysage politique, notamment liées à l'inéligibilité de trois opposants, dont l'ancien président Laurent Gbagbo.
Plusieurs milliers de militants du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) - seulement des membres d'organes décisionnaires ou des responsables de sections - étaient appelés à glisser leur bulletin dans quelque 400 bureaux installés dans le pays.
Vers 13H00 GMT, le siège du PDCI situé dans le quartier abidjanais de Cocody, était animé. La façade était parée de grandes affiches à l'effigie de Tidjane Thiam et la salle principale, où se déroule le vote, était décorée aux couleurs vertes du parti.
Selon Germaine Touré, une secrétaire de section, l'élection de Thiam rendra "plus facile" le travail sur le terrain, notamment dans les villes reculées: les personnes abordées sauront ainsi que "le PDCI a un candidat".
L'ancien ministre du Commerce et actuel député Jean-Louis Billon, également candidat déclaré à la présidentielle, ne s'est finalement pas aligné dans la bataille, dénonçant auprès de l'AFP les modalités d'organisation de la convention.
Mercredi soir, sur la télévision Live TV, il a de nouveau dénoncé une "convention convoquée de façon irrégulière" et martelé que "personne ne peut gagner seul".
La campagne de Tidjane Thiam est d'autre part parasitée depuis plusieurs semaines par une polémique concernant sa nationalité.

Tidjane Thiam, président du parti d'opposition ivoirien PDCI, lors d'un meeting à Abidjan le 15 février 2025 ( AFP / Sia KAMBOU )
Né en Côte d'Ivoire, il a acquis la nationalité française en 1987 et y a renoncé en mars dernier, afin de se présenter à la présidentielle, scrutin pour lequel un candidat ne peut être binational.
Mais selon ses détracteurs, l'acquisition d'une autre nationalité l'a automatiquement déchu de sa nationalité ivoirienne, en vertu de l'article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960.
Le PDCI a dénoncé des "manœuvres" du pouvoir afin d'empêcher M. Thiam d'être candidat.
Pour le politologue Geoffroy Kouao, M. Thiam n'est pas "bien connu des Ivoiriens" et "le PDCI doit redoubler d'efforts en termes de communication politique et de rencontres".
Le chef du PDCI, âgé de 62 ans, a été absent du pays pendant plus de 20 ans pour une carrière à l'étranger à la tête de grandes entreprises financières Aviva, Prudential ou Credit Suisse.
- "Escalade verbale" -
En parallèle, des tensions montent dans l'opposition, qui multiplie les meetings.
Trois figures politiques ont affirmé leur intention d'être candidates à la présidentielle, mais sont inéligibles en raison de condamnations judiciaires.

L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo lors d'un rassemblement devant ses supporteurs à Dabou le 12 avril 2025 ( AFP / Issouf SANOGO )
Il s'agit de l'ancien président Laurent Gbagbo (2000-2011), investi par le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), de son ancien bras droit Charles Blé Goudé, et de l'ancien Premier ministre et ex-chef rebelle Guillaume Soro, en exil. Mardi, M. Soro a publié une photo sur les réseaux sociaux le montrant à Accra, au Ghana.
Leur nom n'apparaît pas sur la liste électorale provisoire, dont la version définitive sera publiée en juin.
En outre, le PDCI de Thiam et le PPA-CI de Gbagbo ont annoncé suspendre leur participation à la Commission électorale indépendante (CEI), en dénonçant le manque d'indépendance de cet organe chargé d'organiser les élections.
Le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a répondu qu'il "n’entend pas se laisser distraire par tout ce vacarme orchestré par une opposition qui, en réalité, a peur des élections", a déclaré le ministre d'Etat et porte-parole du parti Kobenan Kouassi Adjoumani.
"Le scrutin du 25 octobre est mal parti", estime Geoffroy Kouao: "On assiste à une escalade verbale entre les acteurs politiques".
Parmi les personnalités éligibles, se sont déclarés candidats l'ex-Premier ministre Pascal Affi N'Guessan et l'ancienne Première dame Simone Ehivet Gbagbo.
De son côté, le président Alassane Ouattara, 83 ans, n'a pas indiqué s'il comptait ou non briguer un quatrième mandat mais s'est dit en janvier "désireux de continuer à servir son pays".
Le parti au pouvoir a déclaré être "dans l’attente de la publication de la liste (électorale) définitive", en juin, "pour engager la bataille du parrainage de son candidat".
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer