
L'ancien PDG du groupe Bolloré, Vincent Bolloré
Une plainte a été déposée contre le groupe Bolloré, son ancien PDG Vincent Bolloré et son fils Cyrille auprès du parquet national financier (PNF) mardi soir, exigeant la restitution de sommes allant jusqu'à plusieurs milliards d'euros issues de ses activités portuaires en Afrique de l'Ouest, a appris Reuters.
La plainte pour "blanchiment" et "recel", consultée par Reuters, est formulée par une dizaine d'associations dont les branches camerounaise et ghanéenne de l'ONG anti-corruption Transparency International, et sous la direction du lanceur d'alerte congolais Jean-Jacques Lumumba.
Cyrille Bolloré, l'un des enfants de Vincent Bolloré, a succédé à son père en tant que président et directeur général (PDG) du conglomérat Bolloré en 2019.
Contacté par Reuters, le groupe Bolloré n'a pas souhaité répondre à une demande de commentaire.
Le groupe de plaignants, baptisé Restitution Afrique (RAF), allègue que le groupe Bolloré a obtenu et exploité des concessions portuaires au Togo, eu Guinée, au Cameroun, au Ghana et en Côte d'Ivoire "dans des conditions entachées d'accusations d'illégalité, relatives à des faits présumés de corruption, favoritisme et trafic d'influence", selon leur plainte.
Restitution Afrique estime que ces concessions ont permis au groupe de générer des milliards d'euros de revenus, et ont contribué à la vente pour 5,7 milliards d'euros de la branche de logistique en Afrique du groupe, Bolloré Africa Logistics, en 2022.
DEMANDE DE RESTITUTION
"Le montant obtenu lors de la vente reflète en partie le produit des infractions initiales, caractérisant un processus de blanchiment par conversion", est-il écrit dans la plainte.
Les plaignants exigent que "tout ou partie" des 5,7 milliards d'euros gagnés grâce à la vente de Bolloré Africa Logistics soient restitués aux populations locales en vertu d'une loi française votée en 2021.
"Mes clients espèrent que les actifs du groupe Bolloré ne puissent pas être blanchis, et qu'ils puissent être réinjectés dans l'économie" a déclaré à Reuters l'un des avocats de Restitution Afrique, Antoine Vey.
Le PNF doit désormais décider s’il existe des motifs suffisants pour lancer une enquête.
LE PNF n'a pas répondu à une demande de commentaire.
En 2021, le groupe Bolloré a signé une convention judiciaire d'intérêt public (CJIP) avec le procureur financier pour des faits de corruption au Togo, prévoyant une amende de 12 millions d'euros. Ce type d'accord met fin aux procédures judiciaires engagées.
En juillet, le parquet financier a requis un procès pour Vincent Bolloré pour corruption dans un dossier lié à la gestion des ports de Lomé au Togo, et de Conakry, en Guinée.
Les gouvernements du Togo, du Cameroun, du Ghana et de Côte d'Ivoire n'ont pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire sur les principaux points abordés dans la plainte. Reuters n'est pas parvenu à joindre le gouvernement guinéen pour une demande de commentaire.
(Reportage Florence Loève, Juliette Jabkhiro et Mathieu Rosemain, édité par Augustin Turpin)
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