Ils croient au père Noël les pecnots.
Guerre commerciale. Dans le nord des États-Unis, la récession menace : “Ça va devenir très difficile”Petites villes, comtés et États américains le long de la frontière avec le Canada sont touchés de plein fouet par l’offensive douanière de Donald Trump, souligne “The Atlantic”. Contrairement aux promesses du locataire de la Maison-Blanche, ce sont les Américains qui en font les frais.Le mois dernier, Nicholas Gilbert a reçu une livraison de grain pour ses 1 400 vaches laitières. Sur la facture, surprise : une taxe douanière de 2 200 dollars [près de 2 000 euros] supplémentaires. “Nos marges sont faibles”, rappelle l’éleveur, installé à Potsdam, dans l’État de New York, à [une trentaine de kilomètres] de la frontière canadienne. “J’avais signé pour un prix bien précis, et ils ont ajouté cette taxe parce que la marchandise vient du Canada.”Nicholas Gilbert ne peut pas augmenter le prix de son lait, fixé par la coopérative locale. Il ne peut pas non plus mettre ses bêtes au régime. Ni changer de fournisseur, il n’y en a pas d’autres à proximité. S’approvisionner plus loin lui reviendrait plus cher. Lors de sa dernière livraison, il est resté perplexe à la vue de cette taxe. N’était-ce pas à son fournisseur canadien d’en assumer le coût ? “Je ne suis même pas sûr que tout ça soit légal ! On a signé un contrat pour un certain prix, et si le prix de l’essence augmente ou que leur camion tombe en panne, ce n’est pas mon problème. C’est à ça que servent les contrats.”Entrepreneurs et agriculteurs pris au piègeMais cette taxe est parfaitement réglementaire, et c’est bien à l’éleveur qu’il revient de la payer. Comme lui, plusieurs dizaines de milliers d’entrepreneurs américains se retrouvent pris au piège d’une guerre commerciale effrénée, qui pourrait déjà être en train de faire basculer la région de Nicholas Gilbert dans la récession. Les entreprises installées près de la frontière canadienne sont en effet particulièrement vulnérables à la hausse des coûts et à la baisse des recettes provoquées par les nouveaux droits de douane. Alors elles diffèrent certains de leurs projets, gèlent les embauches, augmentent leurs prix, se séparent d’une partie de leurs salariés. Ou, comme Nicholas Gilbert, se demandent comment continuer de nourrir leurs bêtes.Dès les premiers jours de son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump s’est lancé dans la guerre commerciale qu’il promettait de mener depuis longtemps, avec de nouvelles taxes sur l’acier, l’aluminium et divers produits en provenance de Chine, du Canada et du Mexique – assurant, à tort, que le surcoût incomberait aux entreprises étrangères et que cette mesure doperait la croissance américaine. Puis, à la stupeur générale, il a franchi [le 2 avril] un cap supplémentaire en annonçant des droits de douane pour l’ensemble des partenaires commerciaux des États-Unis [avant de rétropédaler, le 9 avril, en repoussant leur entrée en vigueur de quatre-vingt-dix jours, hormis pour la Chine].